D'après Edmond de Goncourt, Roger Richebé réalise un mélodrame aux couleurs du Second Empire, avec une prédilection pour les maisons closes puisque l'héroïne Elisa est une prostituée.
Le sujet de Goncourt évoque le déterminisme social qui semble devoir maintenir la jeune femme dans la condition sordide qui est la sienne depuis sa naissance. Se peut-il que l'apparition, tardive, de Serge Reggiani, en homme aveugle et courtois, soit la planche de salut d'Elisa?
Jusqu'alors, le réalisateur se contente sans beaucoup de sobriété de mettre en scène une jeune fille qui passe de la pension à la maison de tolérance sans beaucoup de répugnance, filme le bordel de Monsieur Alfred et Madame Clotilde comme un lieux joyeux où on s'amuse bien avec des messieurs pas trop dégoûtants; il ignore donc ou aseptise le caractère avilissant de cette existence dont Elisa a pleinement conscience. Il y a du pittoresque dans cette representation. Je ne suis pas sûr qu'on retrouve ce regard dans le roman.
Pour autant, et peut-être parce que Dany Carrel a un vrai charme et qu'elle est convaincante dans le rôle d'Elisa, le film n'est pas à rejeter; la relation sensible entre Elisa et l'accordeur aveugle donne enfin du sens au film et s'avère attachante.
Sauf erreur de ma part, le roman s'appelle "La fille Elisa" et le titre du film est "Elisa".