Et deux critiques pour le prix d'une, deux! La première écrite en et la seconde en 2022, revoyant mon opinion à la hausse pour ce qui est incontestablement un très bon film.
Première critique (7/10) :
Je savais bien que cela me disait quelque chose! Au-delà du célèbre fait divers, c'est aussi le film dont Chabrol a fait un remake : le très moyen « La Fille coupée en deux ». Bonne nouvelle : cette version signée Richard Fleischer est bien supérieure, que ce soit par la cruauté qui se dégage à plusieurs reprises que l'aspect flamboyant des couleurs et d'une mise en scène classique mais de qualité, sans oublier la réelle complexité que représente chacun des personnages.
On a beau trouver les choix sentimentaux de la très belle Evelyn (Joan Collins, convaincante), ils ne nuisent pas à la fluidité d'un récit intelligent et souvent profond. La dernière demie-heure est à cette image : aussi douloureuse que crédible, une parodie de justice malheureusement bien réelle et parfaitement représentative d'une humanité soit naïve soit sans scrupules, comme en témoigne une fin cynique à souhait. Du très bon cinéma, peu aimable, mais marquant.
Seconde critique (8/10) :
Le « hasard » avait voulu que je revoie « La Fille coupée en deux » de Claude Chabrol quelques jours auparavant. Un bon film, ne parvenant toutefois pas à faire d'ombre à cette excellente évocation d'un fait divers légèrement sordide, dont on nous épargne toutefois les détails ici quant à la personnalité du « dandy assassin ». Remarquablement réalisé et tout aussi superbement photographié, l'œuvre s'appuie sur une narration et une construction extrêmement claires, efficaces, prenant un soin extrême dans l'écriture de chaque personnage comme des dialogues.
Chaque scène se justifie, jamais rien d'inutile : comme si l'étau se refermait inexorablement sur l'héroïne sans qu'elle soit jamais responsable ou puisse seulement changer le cours des choses. Il y a ainsi un côté très « fatal » dans le déroulé des événements, que le futur réalisateur des « Vikings » imprègne avec une forme de cruauté, loin du magnifique lyrisme initial (superbe scène sur la fameuse balançoire), excellemment retransmis par le trio Joan Collins - Ray Milland - Farley Granger, la première y trouvant assurément son plus grand rôle.
Légèrement pervers et ouvertement immoral, le scénario n'épargne pas grand-monde, proposant un regard fort pessimiste sur la nature humaine où les plus « pur(e)s » peuvent être broyés par une haute société qui les méprise. Le dernier plan, cinglant, résume à lui seul la puissance d'une œuvre brillante, pas la plus connue, mais sans doute l'une des plus abouties de son auteur.