Ça démarre plutôt bien. D'abord, on n'a jamais vu Arnold ni à New York (sauf brièvement dans "Last action hero"), ni en homme brisé. Il reste plutôt dans la retenue, donne à son personnage une dimension humaine et vulnérable à laquelle il ne nous a pas habitués, et son accent autrichien, qu'il n'a jamais essayé de modifier, ne serait-ce qu'un tout petit peu, demeure sa façon à lui de nous dire que quand on veut, on peut, et qu'accessoirement, il nous emmerde. Ensuite, c'est toujours agréable de voir Gabriel Byrne, et l'on se réjouit de voir ce qu'il va faire d'un rôle aussi large. Enfin, le premier tiers du film est porteur de certaines ambitions. Peter Hyams, ancien directeur de la photographie dont on n'attend pas grand-chose (mais qui a donné une suite à "2001, l'odyssée de l´espace" !), semble s'appliquer pour lui insuffler une ambiance glauque et poisseuse.
C'est de manière lente et progressive que le film devient mauvais. La faute en est tout d'abord à l'actrice qui joue la fille qu'Arnold doit protéger. Evidemment, elle fait ce qu'on lui demande de faire et son rôle ne lui permet pas vraiment d'étoffer son jeu, mais elle n'offre pour émotion qu'un constant mélange d'ingénuité et d'hébétude qui la rend absolument insupportable et qui fait de chacune de ses apparitions une torture. Le film fait le choix judicieux de ne pas aller trop loin dans ses propos, de rester dans sa zone d'influence. Le diable veut prendre le contrôle du monde et recherche une femme qui portera son enfant, et c'est tout. Pas d'explications religieuses inutiles. L'avantage d'un scénario simple est qu'il peut être traité de multiples façons. Malheureusement, une fois le contexte et les personnages posés, le film devient un basique film d'action des années 90. On tire, on court, on tue des gens qui n'ont rien demandé à personne, on échappe à des explosions, on se poursuit un peu dans la rue, un peu dans le métro, on dit à la fille d'aller se cacher, on tue le méchant et tout est bien qui finit bien.
Bien sûr, Arnold meurt à la fin, et c'est une première. Mais après avoir montré que même en deuil, alcoolique et avec une très mauvaise alimentation, il peut battre n'importe qui, même Gabriel Byrne.