C'est le titre original à peine moins pire que le titre français dont on sent, en arrière-plan, la fibre marketing pour ne pas dire démagogique. Je n'ai pas vu la bande annonce mais je verrai bien quelque chose dans le genre : "pour la première fois au cinéma, une femme pirate" ! ou pire : "pour une femme pirate, vous bénéficierez d'une deuxième gratis" …

Donc c'est un film de pirates qui sort sur les écrans en 1951 après "l'aigle des mers" (1940), "le cygne noir" (1942), "Pavillon noir" (1945) pour ne citer que ceux que j'ai déjà commentés.

Le scénario s'inspire de la vie d'une véritable Anny Bonny, d'origine irlandaise, qui défrayait la chronique (maritime) au XVIIIème. Elle était basée dans une île de l'archipel des Bahamas, New Providence d'où son nom d'Anne Providence dans le film.

Pour rester dans un registre pseudo-historique, la légende raconte qu'elle s'habillait sur son bateau, torse nu, comme le reste de l'équipage. Bon, il parait aussi que ce n'était qu'une légende et que ce n'était probablement pas vrai ! De toute façon, le code Hayes aurait bien empêché qu'on tourne le film en 1951, avec une actrice torse nu. Par contre, si la légende est vraie, on peut toutefois le regretter...

Le scénario suit donc les aventures de cette pirate (?) (OK), de cette flibustière capitaine de navire, qui nous apparaît comme particulièrement farouche et cruelle : elle a été l'élève du sinistre Barbe Noire et comme irlandaise, elle a la haine de tout ce qui est anglais. Mais, elle va découvrir sa féminité avec un corsaire capturé d'origine française, Capitaine la Rochelle, le premier à oser lui ôter son bonnet. Elle va même découvrir la jalousie puisque le Capitaine la Rochelle est déjà marié avec une femme, elle, très féminine… Ah que la vie est dure en ce bas monde !

Le scénario est quand même un peu brut de fonderie. Par exemple, il aurait fallu pouvoir mettre un peu plus de nuance dans les définitions des personnages, en particulier de celui du personnage complexe d'Anne qui évolue entre le pirate cruel sur son bateau et la femme amoureuse. D'ailleurs, ce personnage n'est pas sans rappeler certains aspects de la fameuse "féline" du même Jacques Tourneur mis en scène quelques années auparavant. Ce manque de nuance, peut-être délibéré, est-ce un clin d'œil au personnage de la "féline" ?

Cependant Jacques Tourneur a réussi à monter un film qui n'est pas du tout manichéen puisqu'aucun personnage n'est véritablement méchant ni complètement bon.

Pour ce qui concerne le casting, c'est Jean Peters qui interprète le personnage d'Anne Providence. C'est en 1951, une jeune actrice pleine d'énergie qui joue le rôle d'une femme qui évolue dans un monde masculin. L'énergie que Jean Peters déploie la rend très crédible dans son rôle de capitaine de navire pirate.

Le beau et sémillant capitaine la Rochelle, c'est Louis Jourdan, le french lover… Je ne crains pas cet acteur que j'avais déjà apprécié dans "Le comte de Monte-Cristo" (Autant-Lara). Ici, son personnage doit rester en retrait par rapport au personnage joué par Jean Peters.

L'épouse de La Rochelle, qui sera l'enjeu entre La Rochelle et Anne, est interprétée par la divine Debra Paget. Le choix est judicieux entre la femme "masculine" Jean Peters, l'homme "séducteur" Louis Jourdan : il fallait une femme vraiment "féminine".

On note dans le reste du casting, James Robertson Justice dans le rôle du bosco ou Thomas Gomez dans le rôle truculent de Barbe-Noire.

Au final, c'est un film d'aventures flamboyant avec un superbe technicolor et de belles scènes de bateaux ou de bataille. Par rapport aux films mentionnés en début de critique, de mon point de vue, il me semble rester légèrement en retrait à l'inégalable "Aigle des mers".

Mais le film de Tourneur n'est pas sans biscuits avec cette relation triangulaire, plutôt originale, Jean Peters/Louis Jourdan/Debra Paget.

JeanG55
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le 2 avr. 2023

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JeanG55

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