Moule marinière
Alors ne vous y trompez pas, même si c'est plutôt mineur dans le genre, c'est tout à fait charmant, les Caraïbes, des pirates partout, des trésors, Barbe Noire, des trahisons, des auberges, des...
Par
le 19 oct. 2012
26 j'aime
18
C'est le titre original à peine moins pire que le titre français dont on sent, en arrière-plan, la fibre marketing pour ne pas dire démagogique. Je n'ai pas vu la bande annonce mais je verrai bien quelque chose dans le genre : "pour la première fois au cinéma, une femme pirate" ! ou pire : "pour une femme pirate, vous bénéficierez d'une deuxième gratis" …
Donc c'est un film de pirates qui sort sur les écrans en 1951 après "l'aigle des mers" (1940), "le cygne noir" (1942), "Pavillon noir" (1945) pour ne citer que ceux que j'ai déjà commentés.
Le scénario s'inspire de la vie d'une véritable Anny Bonny, d'origine irlandaise, qui défrayait la chronique (maritime) au XVIIIème. Elle était basée dans une île de l'archipel des Bahamas, New Providence d'où son nom d'Anne Providence dans le film.
Pour rester dans un registre pseudo-historique, la légende raconte qu'elle s'habillait sur son bateau, torse nu, comme le reste de l'équipage. Bon, il parait aussi que ce n'était qu'une légende et que ce n'était probablement pas vrai ! De toute façon, le code Hayes aurait bien empêché qu'on tourne le film en 1951, avec une actrice torse nu. Par contre, si la légende est vraie, on peut toutefois le regretter...
Le scénario suit donc les aventures de cette pirate (?) (OK), de cette flibustière capitaine de navire, qui nous apparaît comme particulièrement farouche et cruelle : elle a été l'élève du sinistre Barbe Noire et comme irlandaise, elle a la haine de tout ce qui est anglais. Mais, elle va découvrir sa féminité avec un corsaire capturé d'origine française, Capitaine la Rochelle, le premier à oser lui ôter son bonnet. Elle va même découvrir la jalousie puisque le Capitaine la Rochelle est déjà marié avec une femme, elle, très féminine… Ah que la vie est dure en ce bas monde !
Le scénario est quand même un peu brut de fonderie. Par exemple, il aurait fallu pouvoir mettre un peu plus de nuance dans les définitions des personnages, en particulier de celui du personnage complexe d'Anne qui évolue entre le pirate cruel sur son bateau et la femme amoureuse. D'ailleurs, ce personnage n'est pas sans rappeler certains aspects de la fameuse "féline" du même Jacques Tourneur mis en scène quelques années auparavant. Ce manque de nuance, peut-être délibéré, est-ce un clin d'œil au personnage de la "féline" ?
Cependant Jacques Tourneur a réussi à monter un film qui n'est pas du tout manichéen puisqu'aucun personnage n'est véritablement méchant ni complètement bon.
Pour ce qui concerne le casting, c'est Jean Peters qui interprète le personnage d'Anne Providence. C'est en 1951, une jeune actrice pleine d'énergie qui joue le rôle d'une femme qui évolue dans un monde masculin. L'énergie que Jean Peters déploie la rend très crédible dans son rôle de capitaine de navire pirate.
Le beau et sémillant capitaine la Rochelle, c'est Louis Jourdan, le french lover… Je ne crains pas cet acteur que j'avais déjà apprécié dans "Le comte de Monte-Cristo" (Autant-Lara). Ici, son personnage doit rester en retrait par rapport au personnage joué par Jean Peters.
L'épouse de La Rochelle, qui sera l'enjeu entre La Rochelle et Anne, est interprétée par la divine Debra Paget. Le choix est judicieux entre la femme "masculine" Jean Peters, l'homme "séducteur" Louis Jourdan : il fallait une femme vraiment "féminine".
On note dans le reste du casting, James Robertson Justice dans le rôle du bosco ou Thomas Gomez dans le rôle truculent de Barbe-Noire.
Au final, c'est un film d'aventures flamboyant avec un superbe technicolor et de belles scènes de bateaux ou de bataille. Par rapport aux films mentionnés en début de critique, de mon point de vue, il me semble rester légèrement en retrait à l'inégalable "Aigle des mers".
Mais le film de Tourneur n'est pas sans biscuits avec cette relation triangulaire, plutôt originale, Jean Peters/Louis Jourdan/Debra Paget.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films de cape et d'épée et Les meilleurs films de 1951
Créée
le 2 avr. 2023
Critique lue 70 fois
9 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur La Flibustière des Antilles
Alors ne vous y trompez pas, même si c'est plutôt mineur dans le genre, c'est tout à fait charmant, les Caraïbes, des pirates partout, des trésors, Barbe Noire, des trahisons, des auberges, des...
Par
le 19 oct. 2012
26 j'aime
18
Il y a des gens qui croient qu'avant Pirates des Caraïbes, les films de pirates n'existaient pas. Et pourtant, c'est le contraire, ce sous-genre du film d'aventure fut très actif à Hollywood dans la...
Par
le 10 mars 2018
19 j'aime
48
Dans un genre très codifié qui paraît aujourd’hui désuet, Jacques Tourneur signe un film intelligent qui se démarque de ses contemporains mais aussi de sa propre filmographie. Loin de ses films noirs...
le 11 janv. 2024
11 j'aime
1
Du même critique
Au départ de cette aventure, il y a un roman écrit par la romancière R.A. Dick en 1945 "le Fantôme et Mrs Muir". Peu après, Mankiewicz s'empare du sujet pour en faire un film. Le film reste très...
Par
le 23 avr. 2022
25 j'aime
9
1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...
Par
le 13 nov. 2021
25 j'aime
5
"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...
Par
le 3 nov. 2021
24 j'aime
19