Durant un combat, le soldat Tamino (Joseph Kaiser) est sauvé de justesse de la mort par les trois servantes de la Reine de la Nuit (Lyubov Petrova). Cette dernière demande à Tamino de traverser les lignes ennemies afin d’aller y chercher sa fille (Amy Carson), enlevée par son ennemi Sarastro (René Pape), en échange de quoi la main de cette dernière reviendra au soldat courageux. Mais arrivé chez Sarastro, Tamino découvre que la justice n’est peut-être pas dans le camp qu’il croyait…
On le sait, Kenneth Branagh aime le kitsch, parfois exagérément. Il le prouve une fois de plus dans cette très libre adaptation de l’opéra de Mozart. Le réalisateur laisse en effet libre cours à sa folie dans une reconstitution d’une sorte de Première Guerre Mondiale de carton-pâte, au sein de laquelle il fait évoluer des personnages aux caractères esquissés à la serpe.
Mais pour une fois, du fait de la légèreté et de la théâtralité de son sujet, les artifices chers à Branagh et la superficialité de son art trouvent leur justification, et s’il ne se retient pas d’en faire trop, on pourra apprécier à sa juste valeur la virtuosité de sa mise en scène (belle maîtrise du plan-séquence) et la magnificence de ses décors. D’autant que ces derniers servent de cadre à la musique de Mozart (les dialogues ont, eux, en partie été réécrits pour l’occasion par Stephen Fry), qui est un pur délice pour les oreilles. C’est en partie ce régal auditif qui aide à faire passer toutes les facilités et faiblesses d’un scénario trop vague, ainsi que les quelques excentricités visuelles auxquelles se prête le réalisateur. Si on est d’humeur légère, donc, on n’aura aucun mal à se laisser emporter par un spectacle onirique et déjanté qui a au moins le mérite d’être plein de charme, à défaut d’être plein d'utilité. Pour peu qu’on ne cherche pas un divertissement trop intellectuel, on pourra donc se contenter pleinement de cette Flûte enchantée, en ayant conscience de ne pas regarder là un monument du cinéma.