On ne présente plus Don Salluste, le détestable et tyrannique "ministre des finances" du roi d'Espagne, parcourant les villages afin de soutirer le moindre sou ou les moindres récoltes des villageois dans le but de s'enrichir personnellement. Malheureusement pour lui, à la cour, il n'a pas que des amis puisque la reine le déteste.
A la suite d'une affaire d'enfant illégitime avec une servante, il est banni de cette cour et doit rejoindre un monastère. Don Salluste n'a alors qu'un seul but: se venger de la souveraine et tenter de la compromettre. Pour arriver à ses fins, il monte un plan qu'il croit être infaillible. Il demande à Don César, son séduisant neveu et brigand notoire, de participer à ce complot mais celui-ci, connaissant la fourberie de son oncle, refuse de le suivre. Il est alors arrêté par les hommes de Don Salluste et envoyé au bagne au Barbaresques.
C'est alors que Blase, son valet, amoureux de la reine, est l'acteur tout désigné pour assouvir la vengeance du ministre. Mais ce complot machiavélique se révèle semé d'embûches et d'évènements inattendus puisque, déjouant un attentat contre le roi, Blase est promu ministre ce qui déchaîne la colère des "Grands du Royaume" contre lui et le plan de Don Salluste risque d'échouer.. De plus, à la suite d'un quiproquo, c'est en fait la duègne Dona Joana qui tombera follement amoureuse de Blase, au grand dam de celui-ci. Malgré-tout Don Salluste sera bien près d'arriver à ses fins mais ce sera sans compter sur le retour du
bagne de son brigand de neveu...
Cette très célèbre comédie du regretté Gérard Oury est librement inspirée du "Ruy Blas" de Victor Hugo. Don Salluste est un personnage avare, belliqueux et tyrannique, détesté de tous et rappelant, en pire, le personnage d'Harpagon dans "L'Avare" de Molière. Notre tyran traverse la campagne à bord de son carrosse et rançonne à tout va avec pour devise: "C'est normal! Les pauvres c'est fait pour être très pauvres et les riches très riches." Ainsi Don Salluste accumule les trésors volés et faisant compter et recompter avec frénésie ses pièces d'or.
Toutefois sa cupidité lui joue des tours car ceux qu'il pense être ses alliés, et qu'il tente de manœuvrer à sa guise, essaient de leur côté de l'abattre en le trompant.
Don Salluste n'a pas un brin de pardon ou de pitié, par contre il sait se confond en ronds de jambes et en flatteries pour arriver à ses fins ou pour se justifier.
Face à lui s'agite son valet Blase, amoureux éploré de la jolie reine, dévoué à son maître, mais plein de malice afin de mieux profiter de ses points faibles. C'est ainsi que le petit valet deviendra ministre en déjouant une conspiration des "Grands du Royaume" contre le roi.
Le ministre dont la renommée auprès du souverain n'est pas des plus favorables subira bien sûr les foudres de celui-ci.
Quant au jeune ministre Blase, c'est d'une duègne sévère et en mal d'amour dont il devra se contenter et non de la reine, après une rocambolesque méprise. aura beau monter un stratagème à l'aide d'une lettre anonyme signalant un rendez-vous galant de la reine dans une auberge isolée, ce sera sans compter sur le retour de Don César du bagne des Barbaresques dans lequel son oncle l'avait jeté.
De ce joyeux imbroglio sous forme de conspiration permanente, beaucoup finiront par payer leurs tromperies en allant faire un "séjour lointain" qui n'a rien de touristique aux Barbaresques.
Ce film fit parti des années très fastes que traversa Gérard Oury. Il est vrai qu'il put bénéficier de 1964 à 1973 du talent de Louis de Funès pour la réalisation de quatre grandes comédies qui connurent, à juste titre, un succès considérable. C'est ainsi que "La folie des grandeurs" fait partie de ce panel.
Il faut reconnaître que le célèbre réalisateur avait trouvé un duo d'acteurs extraordinaire en adjoignant Bourvil à Louis de Funès. Malheureusement, ce duo gagnant ne put se constituer pour ce film, Bourvil qui devait interpréter le rôle de Blase décédant juste avant le début du tournage. Gérard Oury fit donc appel à Yves Montand et fut un choix judicieux, les gags et les situations ambiguës s'enchaînant sans aucun temps mort, déchaînant l'hilarité. Associons également la très bonne prestation notamment d'Alice Sapritch, une duègne à l'appétit sexuel fort développé, Gabriele Tinti , brigand au grand cœur, et bien sûr notre légendaire Paul Préboist dispensé de dialogue dans ce film.
Des scènes cultes restent inscrites dans les mémoires telles "l'effeuillage sexy", si l'on peut dire, de l'énigmatique duègne Dona Juana, le moment où Blase réveille son maître au bruit des pièces d'or, le bain et le lavage d'oreilles de Don Salluste et bien d'autres encore.
Ce film est de plus servi par un scénario d'une grande efficacité et plein d'esprit d'un Victor Hugo quelque peu remanié par des dialogues de Gérard Oury, Danièle Thompson (déjà) et Marcel julian. La somptueuse musique de Michel Polnareff, fantastique compositeur, n'est pas en reste pour nous faire passer un grand moment de cinéma.
Difficile de dire que dans le septième art la comédie est un art mineur lorsque l'on assiste aux films devenus cultes de Gérard Oury. Toute son œuvre n'est pas au diapason des films qu'il réalisa en compagnie de Louis de Funès. Néanmoins, durant cette période 1964-1973, ce réalisateur à la tête remplie de gags et d'aventures drolatiques nous aura déclenché d'énormes éclats de rire avec ses acteurs fétiches.