Mel Brooks s'attelait à un sujet ambitieux qui était de raconter l'histoire de l'humanité mais de façon irrévérencieuse et paillarde. Découpé en 6 périodes : l'aube de la civilisation, l'Age de pierre, les temps bibliques, l'Empire romain, l'Inquisition espagnole, la Révolution française, c'est une suite de séquences de qualité inégale où Mel s'entoure de sa bande d'acteurs fétiches (Dom De Luise, Madeline Kahn, Harvey Korman, Cloris Leachman, Sid Caesar ou Ron Carey) et choisit d'aborder des séquences à grand spectacle en ne lésinant pas sur les décors, parfois aidé par des matte-paintings.
Le film aligne un trop plein de gags où se mêlent le grotesque à la parodie, le clin d'oeil au burlesque, l'humour noir à l'humour de music-hall de style stand-in, mais où domine souvent l'humour scatologique et les allusions grivoises. Toute la partie consacrée à la Rome impériale tourne autour de ça et parfois c'est assez redondant. Mel appuie aussi sur des blagues sur les juifs, il peut se le permettre quand on connait ses origines, mais il est parfois à la limite de l'impertinence. La partie consacrée à la Révolution française est également très portée sur le sexe et la tendance scato, avec notamment une trouvaille à la Mel Brooks : le valet de pisse, fallait l'inventer celui-là !
Mais Mel a beaucoup d'inventivité, de bonnes idées, et ne perd pas de temps sur certains chapitres (la séquence sur Moïse est une parodie des Dix commandements qu'il a tournée aux studios Universal où une attraction pour touristes reprend les flots qui s'ouvrent). Il y a aussi une séquence qui ne figure que sur les copies américaines, concernant l'Age de pierre : on y voit un homme des cavernes peignant sur la roche, et un autre homme arrive et pisse dessus, il s'agit d'une symbolique autour de la création et de la critique qui ne plut pas à certains journalistes américains qui se sont sentis visés, et taxèrent le métrage de "film pour urologues".
La meilleure séquence est sans nul doute celle consacrée à l'Inquisition transformée en ballet nautique et musical hollywoodien, c'est du vrai délire. Le film se conclut par une fausse bande-annonce hilarante, une "part II" faisant suite à cette "part I" où l'on voit notamment des funérailles Viking, Hitler on Ice, et une parodie de Star Wars... C'est donc un joyeux fourre-tout avec quelques bons moments de grand comique qui vaut largement les guignolades franchouilles, et où Mel Brooks incarne avec la même énergie Moïse, le Romain Comicus, Torquemada, Louis XVI et son sosie le valet de pisse. C'est pour moi, le dernier bon film de Mel, les suivants seront d'un niveau inférieur, avec seulement quelques bonnes séquences, on sera loin de Frankenstein Junior ou le Grand frisson.