Alors qu'elle ne rêve que d'être plombière comme son oncle, la jeune Cluny Brown prend sa place pour réparer un évier et fait par la même occasion la rencontre d'un jeune et séduisant émigré...
Dernier film achevé d'Ernst Lubitsch (il mourra lors du tournage de son suivant, qui sera terminé par Otto Preminger), La Folle ingénue se révèle aussi charmant que pétillant et raffiné. À nouveau Lubitsch y dévoile tous ses talents de metteur en scène et bénéficie d'une excellente qualité d'écriture, tant au niveau des personnages que du déroulement et des dialogues, jamais à court d'idées et de sous-entendus.
Entre hypocrisie, conservatisme et fermeture d'esprit, Lubitsch se moque de l'Angleterre et des mentalités de ses hautes classes à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Il le fait avec autant de classe et élégance que de subtilité, sans jamais tomber dans la lourdeur ou la vulgarité, toujours avec un esprit léger. Il braque sa caméra sur le personnage de Cluny Brown dont il dresse un portrait tendre et attachant. Cherchant sa place dans la société et surtout son bonheur, c'est au contact d'un émigré fuyant le nazisme qu'elle s'en approchera.
C'est avec élégance qu'il met en scène son récit et l'humour marche à merveille à travers les personnages et les dialogues. Lubitsch donne du rythme, du charme et de l'intérêt à son récit, contenant plusieurs bonnes et ingénieuses idées dont il semble avoir le secret. L'osmose entre les comédiens est parfaite, notamment entre un savoureux et énigmatique Charles Boyer et la pétillante Jennifer Jones et Lubitsch ne néglige pas non plus les seconds rôles. Tourné après la chute du IIIème Reich, le contexte de l'avant-guerre est peu exploité et Lubitsch se concentre vraiment sur ses personnages, l'humour et le tableau de cette société britannique.
Dernier film achevé de Lubitsch et à nouveau il démontre tout son talent et savoir-faire pour livrer avec élégance, intelligence et charme une comédie où l'Angleterre en prend pour son grade. Un régal !