John Hugues poursuit son exploration de l’adolescence 80s avec une constance qui laisse pantois. Ici, la journée buissonnière de Ferris Bueller, le type le plus cool du lycée qui veut s’offrir une dernière bringue d’enfer avec son meilleur ami et sa petite copine avant que les aléas de la vie ne les sépare…
Bien entendu, nous sommes dans un monde dématérialisé ou s’asseoir dans une Ferrari ressemble à la seule chose enviable en ce bas monde et où les restaurants les plus guindés sont les seules cibles possibles entre le match de baseball et le musée, autant dire que le film est à deux doigts d’être indigeste…
Mais finalement, à chaque fois, ça passe, Matthew Broderick atténue tout ce qui pourrait être insoutenable dans le personnage par son petit côté mou gentillet, très loin de profiter de tous les avantages de son personnage il veut juste offrir à son pote la meilleure journée de sa vie, ce qui excuse un peu ses multiples tortures à son égard…
Ce qui est formidable en fait, c’est que le film pousse la logique jusqu’au bout, aux limites de l’absurdes, comme avec le running gag sur la maladie de Ferris, Chicago qui se met à twister, l’implacable chemin de croix du proviseur, le tout dans un débordement contagieux de bonne humeur qui permet d’oublier les petits défauts ici où là…
Il y a finalement une chouette ribambelle de mauvais éléments, j’aime toujours autant voir Matthew nous expliquer la vie tout en attachant un contre poids sportif à une mystérieuse ficelle, je supporte même Alan Ruck en l’imaginant plus tard dans Spin City et je me dis que, décidément, Jeffrey Jones a un potentiel de pervers psychopathe plus vrai que nature… Et puis, je ne l’ai jamais avoué, mais quand j’étais jeune j’étais un peu amoureux de Mia Sara, je lui pardonnais tout, même Legend, je crois que j’étais allé voir Timecop en salle pour ses beaux yeux, c’est vous dire, alors tant pis si son rôle n’est pas très existant et leur relation à la limite de l’asexué, elle rattrape tout ça d’un battement de cils et justifie un peu les effroyables visions d’avenir de Ferris…
Il y a plein de trucs gratuits parfaitement idiots et délicieux, les voituriers qui s’envolent sur John Williams, Twist and Shout, le père qu’on croise partout et Charlie Sheen en prison.
Charlie n’est pas encore devenu la vedette que Platoon fera de lui six mois plus tard mais c’est dingue de voir comme il bouffe déjà l’écran et cannibalise sa courte scène en posant d’avance les jalons qui feront de sa vie celle d’un personnage plus improbable que dans la fiction, la drogue, les femmes, la séduction poussée au niveau d’un art…
Et puis quand même, bordel, une journée volée au lycée, une vraie journée de cancre, ça garde un petit côté concept de rêve…