Pour être honnête, ce n’est pas mon genre de films. Trop didactique, trop proche du documentaire, trop amorphe, il s’appuie sur la qualité de ses paysages luxuriants et son refus du spectaculaire pour décrire un peuple indigène dévorée par la civilisation mais aussi par une tribu sanguinaire. Le prétexte (un enfant enlevé par une gentille tribu), quant à lui, peine à convaincre même s’il s’appuie sur une histoire vraie. La quête du père aurait peut-être été plus passionnante si elle ne s’éventait pas aussi vite pour laisser place à d’étranges retrouvailles où le fils semble avoir tout oublié de sa vie d’avant et où le père capitule bien vite pour le convaincre de revenir vivre auprès de sa famille.
Parsemé de rites initiatiques, le film restitue la vie de cette tribu rousseauiste à travers le personnage de celui qui en devient un acteur important. En creux, une critique de la civilisation moderne qui ne va pas plus loin qu’un message écologique rappelant que procéder à la déforestation de l’Amazonie, c’est mal et qu’il est important de protéger les cultures primitives (bien que certaines soient montrées sous un jour particulièrement barbare). Et c’est bien là que le bât blesse le plus ici. Cette fable écolo louable tourne quand même autour de la vision d’une tribu abusivement naïve et bien-pensante qui rend l’ensemble très caricatural.
L’opposition entre le père (qui incarne la civilisation) et le fils intégré à cette tribu perd, de ce fait, de sa force. Seule, au final, la présence de la tribu cannibale apporte une nuance dans ce qui aurait pu devenir un film totalement manichéen. Reste que le film est très contemplatif et souffre d’une naïveté embarrassante en dépit de séquences d’action rares mais violentes et intenses où John Boorman se montre bien plus à l’aise plutôt que dans les longues séquences évoquant un reportage de National Geographic. L’intention est louable, on y trouve de belles choses mais l’ensemble est trop maladroit pour emporter une totale adhésion.