Déjà, pour se la péter un peu, car c'est aussi à ça que sert SC, petit point sur les conditions de visionnage de ce film. Découvert le 15 octobre 2017, lors du génialissime Festival Lumière de Lyon, La Forme de l'Eau nous a été présenté par Del Toro lui-même, ainsi qu'Alexandre Deplat qui visiblement était dans le coin aussi. Dans la salle se trouvait Alfonso Cuaron, Tilda Swinton, Marisa Paredes ou encore Vincent Lindon. L'ambiance était donc assez électrique et en tant que spectateur on sentait bien le privilège certain de notre présence.
La standing ovation d'après film, accueillant un Del Toro très ému, il a la larmichette facile le bougre, semblait faire donc partie du décorum de cette extraordinaire journée.
Mais ce n'est pas pour ça que je vais dire que le film est un chef d'oeuvre.
En effet, je ne suis jamais vraiment entrée dan le film. Je l'ai vu défiler, l'histoire m'a quelque peu accrochée, mais rien ne m'a réellement emballée. Exceptées trois choses : la musique, car Desplat est proche du génie à chaque film, l'esthétique et le choix de Sally Hawking.
L'esthétique, je pense qu'il n'est pas besoin de s'étendre énormément sur le sujet. Le film est magnifique, les lumières, les couleurs sont somptueuses. Le début ressemble beaucoup aux fabuleux destin d'Amélie Poulain, c'est un peu déroutant mais finalement cette ambiance colle bien à l'histoire.
Concernant Sally Hawking, j'ai trouvé ce choix assez osé. C'est une actrice que j'aime beaucoup parce qu'elle dégage une certaine lumière. Cependant, elle est loin des standards de beauté hollywoodiens qui auraient pu coller avec ce rôle de jeune héroïne mutique. Sally, elle a toujours les cheveux mal peignés, une allure un peu maladroite de criquet cabossé. Del Toro l'a magnifiée, on y croit dur comme fer, elle est sublime, entière. C'est sans doute un de ses meilleurs rôles (avec Be Happy !).
Pour le reste du casting, il y a l'assurance du lourd entre Jenkins, irrésistible, Spencer, qui fait du Spencer comme personne, et Shannon que je déteste d'habitude et à qui le rôle du connard de service va comme un gant. Dommage donc que l'histoire soit très convenue et assez peu développée. J'ai trouvé l'action hors du temps et de l'espace, je n'ai pas accroché aux décors, j'ai ressenti une impression de décousu entre les scènes, un manque de fluidité (bizarrement).
Après, The Shape of Water reste un beau film, totalement maîtrisé visuellement par son créateur, sans fausse note dans le casting et avec une bien jolie histoire d'amour transgressive.
Et c'est déjà pas mal !