Le nouveau Del Toro était annoncé par vents et marées comme un chef-d'oeuvre bien avant sa sortie française. Le fascinant mexicain nous promettait une oeuvre unique, onirique et poétique. On pouvait craindre que l'avalanche de compliments et de récompenses ne soit qu'un écran de fumée à l'imaginaire débridé, un monde en toc, lourd et encombrant mais The shape of water est bel et bien le bijou aquatique tant promis.
Je ne reviendrais pas sur les moult qualités déjà énoncées par mes camarades (une magnifique histoire d'amour, quatre comédiens formidables, la musique d'Alexandre Desplat, les décors baroques, la mise en scène tout en profondeur, l'habile utilisation de la couleur verte...) mais plutôt sur ses défauts et ceci, avouons-le franchement par fainéantise. Je vous prie de me pardonner!
. Il faut aimer Guillermo Del Toro: c'est bête à lire mais l'univers du réalisateur, ses monstres, ses lubies, son habile mélange du réel et de l'imaginaire ne conviendra pas à tous et cela concerne son entière filmographie. Si vous êtes allergique aux romances trans-espèces, au sang et à une naïveté quasi-enfantine vous ne serez déjà pas dans votre aquarium.
. La promptitude de la relation entre la jeune femme (Sally Hawkins) et la créature: en même pas deux découpes de plans l'affaire est dans le sac. Dommage car on aurait aimé voir ces deux êtres si distincts s'apprivoiser et se découvrir avec plus de minutie, de questionnement.
. Olivia Spencer: on aime tous Madame Spencer mais ses compositions ne varient guère. Vous avez eu l'occasion de visionner La couleur des sentiments, Les figures de l'ombre ou plus récemment Mary? Vous ne serez pas dépaysé...
. Quelques facilités dans le scénario:
une sécurité dans le labo VRAIMENT laxiste qui permet une liberté de choix déconcertante, des Russes synonymes de faire-valoir, une suspicion pas vraiment crédible une fois la créature envolée... Si l'histoire est merveilleuse elle en reste truffée de Deux ex machina.
Je chipote sans doute un brin mais loin de moi l'idée de faire bouillir les esprits car à l'heure actuelle on ne peut que s'incliner devant tant d'audace et de savoir faire. Un cinéma nouveau et renouvelé, un hommage fifties aussi agréable qu'un bon bain chaud.
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