Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…


Deux mots suffisent à résumer THE SHAPE OF WATER, le dernier film tant attendu et multi-récompensé, du mexicain Guillermo del Toro : expéditif, et grossier.


Expéditif, dans son scénario, expéditif, dans sa réalisation. D’une histoire d’amour intrigante et audacieuse, le réalisateur du LABYRINTHE DE PAN pond une « œuvre » creuse, dont la vitrosité n’a d’égale que sa photographie, signée Dan Laustsen.


La vie d’Elisa est littéralement réglée comme un métronome jusqu’à sa rencontre avec la « Bête ». Dans pareille situation, il est regrettable que del Toro ne gratifie le développement d’une telle relation – qui flirte avec la zoophilie –, que d’une dizaine de minutes. La « Belle » offre à la « Bête » un œuf. Deux œufs. Trois œufs. En voilà, un bel amour naissant. Aucun aplomb, peu d’émotions.


Sur les éreintantes 2h03 minutes d’un film somme toute très hollywoodien, le cinéaste a donc décidé de faire la part belle au suspense. Conte poétique ? Ne surtout pas s’attendre à davantage qu’un thriller à la structure convenue et à l’esthétique enlaidie.


La « Bête », vénérée comme un Dieu, se veut énigmatique ; mais à force d’allusions répétitives à son passé – dont on n’apprendra jamais rien –, et de l’absence latente de son développement, elle pâtit d’un manque d’intérêt croissant. A croire que del Toro lui-même n’a que faire de son personnage, qui ne vaut finalement que comme prétexte à un film pseudo-humaniste sur la différence.


Quant à l’ombre de la guerre froide, elle embourbe davantage le scénario dans la caricature qu’elle ne le complexifie.


Grossier, ensuite. Difficile en effet de ne pas ressortir barbouillé, tant on frôle l’indigestion. Guillermo del Toro accumule poncifs et clichés, à mesure que notre intérêt s’amenuise.


Tout le monde l’aura compris, THE SHAPE OF WATER vise les Oscars. Et sous la Présidence de Donald Trump, la tolérance est de mise. Mais pour cela, point de subtilité possible. Caricature et manichéisme devraient nécessairement l’emporter.


Il y a les gentils : les handicapés, bien sûr, mais également les noirs et les homosexuels.


Et il y a les méchants : incarnés par les hommes blancs, bien évidemment. Le tenant du bar, homophobe et raciste comme il se doit ; mais surtout Strickland, ie Michael Shannon.


Et quel gâchis… magnifié chez Jeff Nichols, Michael Shannon touche le fond sous la direction de Guillermo del Toro, entre regards noirs et grimaces grinçantes. Notons néanmoins qu’il n’arrive pas à la cheville de Sally Hawkins, aux mimiques insupportables.


Accablant de poncifs, THE SHAPE OF WATER ne recule devant rien d’autre que la qualité.

Framboise15
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le 27 févr. 2018

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Framboise15

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