J'imagine que je m'attendais à plus d'intensité et de profondeur au vue de toutes les possibilités qu'offrait ce film. En effet, si je n'ai pas été a proprement parlé déçu par ce long-métrage, il se trouve que je n'ai pas non plus été surpris ou captivé. L'histoire de La Forme de L'eau est exactement ce que l'on attend d'elle : une sorte de Belle et la Bête pour adultes, un conte de fée touchant mais loin de sortir des sentiers battus.
Certes, le duo Sally Hawkins/Doug Jones fonctionne extrêmement bien. L'alchimie entre eux crève l'écran. La façon dont le lien qui les unit se tisse et s'épanouit est plutôt crédible, bien qu'on frôle le mièvre à plusieurs reprises. Partons du principe que c'est une histoire d'amour, cela rendra mon jugement un peu moins cassant. Outre cette relation dont l'évolution aurait pu être mieux maîtrisée, Guillermo del Toro nous offre ici une romance qui grandit au-delà des mots, au-delà des preuves, au-delà des promesses. Je préfère me focaliser sur ce point étant donné qu'il me paraît essentiel. La Forme de L'eau, c'est avant tout une jolie ode à l'amour véritable, lorsqu'on aime l'autre inconditionnellement pour ce qu'il est et non ce qu'on aimerait qu'il soit. Le réalisateur fait de ce concept la base fondamentale de son intrigue : Elisa et sa créature se fondent l'un dans l'autre malgré leurs différences physiques et biologiques, ce qui permet de pousser l'idée d'un union plus fort que tout à son quasi-paroxysme. C'est un élément du film attendrissant et plutôt convaincant, retranscrit avec brio et élégance à travers des plans à la beauté envoûtante.
Évidemment, ceci permet à Guillermo del Toro d'aborder des thèmes plus larges et plus philosophiques, telles que la frontière entre l'humain et le monstre, entre le bon et le mauvais. Les pistes étaient bonnes, le potentiel était là. Seul bémol : tout est trop manichéen. Dès les premières minutes, l'identité des "gentils" et des "méchants" est évidente. On saisit bien trop rapidement les enjeux qui se cachent derrière chaque protagoniste et ses actions. Trop peu de temps est accordé à la réflexion, les réponses nous sont livrées presque immédiatement et sans que nous n'ayons à bouger le petit doigt. J'aurais aimé que les limites établies entre les deux "camps" par le réalisateur soient plus poreuses et que le doute plane un peu plus longtemps. La Forme de L'eau aurait pu délivrer un message bien plus intense à mes yeux, tout simplement.
Néanmoins, la dernière partie du film est plus palpitante. Les retournements de situation s'entrechoquent et les ultimes coups de théâtre s'avèrent être poignants. Moi qui ne suis habituellement pas amateur de fins ouvertes, je dois bien reconnaître que la conclusion de ce film est parfaitement satisfaisante. À la fois douce et amère, elle reflète déjà plus ce que j'aurais aimé que le reste du film inspire à ses spectateurs : un mélange de mystère et de poésie.
Finalement, La Forme de L'eau est un long-métrage certes honorable mais auquel il manque l'étincelle pour totalement nous éblouir. Malgré d'excellentes bases, le potentiel de cette romance fantastique et didactique ne me semble pas être exploré et exploité comme il le mériterait.
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