Soyons d'accord sur un point : Guillermo Del Toro est un excellent réalisateur ! Il arrive à capter quelque chose d'unique dans les contes qu'il nous narre et à en exploiter la poésie froide et chaleureuse à la fois.
Son dernier film m'intéressait et j'en attendais beaucoup. Bilan : c'est pas mon Del Toro préféré, ni même un de ses meilleurs... mais il est bien quand même !


SCENARIO:
Eliza est muette depuis l'enfance, elle mène une vie basique comme concierge dans une base scientifique tout en vivant de son mieux avec son handicap. Mais la situation va changer lorsqu'une étrange créature est déplacée dans les locaux du complexe. Fasciné par cet être unique, Eliza va nouer une relation très forte avec lui et tout faire pour le faire sortir de cet endroit.
L'idée de créer un couple entre une humaine et une créature semi-aquatique a de quoi surprendre au premier abord... Mais quand on a accepté ce fait, le film nous entraîne avec une facilité déconcertante. Si ce n'est pas le meilleur film de Del Toro, il est certain qu'il s'agit de son oeuvre la plus touchante !
Il y a beaucoup de phases calmes dans l'intrigue qui sont là pour nous immerger dans la douceur des deux amants. En tant que spectateurs, nous sommes témoins de leur amour et de l'évolution de leurs sentiments.
Le concept du film est tellement simple qu'il peut s'avérer difficile d'en parler sans spoiler. C'est une oeuvre de toute beauté et qui mélange avec efficacité le fantastique avec la froide réalité. Sur ce dernier aspect, il est impressionnant de constater que ces deux genres (qui paraissent contradictoires l'un envers l'autre) se complètent et créent une ambiance cohérente et vraisemblable. C'est la grande force de Guillermo Del Toro : fusionner des genres pour en créer un nouveau qui obéit à ses propres règles.
Le film délivre un message intéressant sur le fait de comprendre l'autre ! C'est une morale qui transparaît dans tous les aspect du film : dans chaque plan et chaque séquences !
Le tout est rythmé de façon à monter crescendo. On commence en douceur et on alterne des passages calmes et des passages dynamiques. Et plus on avance dans l'histoire, plus les événements graves vont empirer...


VISUEL:
La mise en scène est très efficace... mais un peu en-dessous de ce que le réalisateur a l'habitude de faire. Cela reste un travail minutieux sur les couleurs, les placements de caméra et les transitions entre les différentes scènes.
On sent bien le sentiment de crasse et d'oppression qui se dégage des couloirs mornes de la base, tout comme on ressent la sérénité qui se dégage de l'appartement d'Eliza. Les deux lieux s'opposent et se répondent. Et tout cela est dû au soin apporté aux décors qui sont aussi immenses de réalistes.
L'esthétique globale de l'oeuvre tend vers une représentation assez fidèle de l'esthétique des vieux films grâce à des couleurs jaunâtres et un jeu de lumière assez particulier.
Les costumes et accessoires nous plongent sans problème dans l'époque à laquelle le film est racontée.
Et enfin parlons du costume de la créature : il est somptueux sur tous les points !
Soit il s'agit d'un costume qui a été travaillé avec soin et minutie pour donner cette sensation de vie et de réalisme, soit ce sont des effets numériques si parfaits qu'on ne peut les voir ! Dans tous les cas, le résultat est bluffant de réalisme.


ACTEURS:
Eliza est un personnage intéressant : elle est gentille, altruiste et bienveillante. Son handicap la coupe des autres mais elle a appris à vivre avec et entretient des relations touchantes avec le reste de son entourage. En somme, c'est une rêveuse qui voit au-delà des simples apparences. Elle est interprétée par Sally Hawkins que je salue pour avoir fait l'effort d'apprendre le langage des signes afin de coller parfaitement au personnage.
Giles est le plus proche ami d'Eliza et son confident. C'est mon personnage préféré car je me reconnais beaucoup en lui et dans son caractère : c'est un vieux bonhomme qui vit modestement et alterne souvent entre son inaction et les risques qu'il est prêt à prendre dans l'histoire. Il ne fait pas ce qu'il fait par noblesse d'âme ou par envie de justice, il le fait par amitié et je trouve ça très beau. Il est tellement timide et gentil que ses scènes ont quelque chose de touchant et de très tendre. Il est interprété par Richard Jenkins qui le joue à merveille.
Strickland est un c*nnard dans toute sa splendeur : cruel, arrogant, mesquin, brutal, imbu de sa personne... C'est le genre de personnage que tu déteste dés sa toute première apparition à l'écran et dés ses premiers mots ! Cela est possible grâce au jeu Michael Shannon qui prouve qu'il est le meilleur acteur du film car lorsqu'il n'est pas ridiculement détestable il devient terrifiant ! C'est le genre de personnage qui ne supporte pas que les choses lui échappe.
Zelda est un personnage positif et amical qui soutient l'héroïne malgré son incompréhension de la situation. Elle est en fait la bonne amie qui parle tout le temps. Octavia Spencer est investie dans ce rôle et délivre une bonne interprétation.
Parlons enfin de la créature. En effet c'est aussi un personnage au même titre que les autres acteurs. Il est curieux et souvent partagé entre la peur et la fascination de ce monde qu'il ne connait pas. Il est incarné par Doug Jones : LE plus grand expert de l'interprétation de personnages non-humains au cinéma. Ce rôle lui va comme un gant.


DEFAUTS ? :
- La relation marche bien entre Eliza et la créature... mais je trouve qu'il se sont apprivoisés un poil trop vite ! Eliza est immédiatement passée de la curiosité à l'attachement.
- Il y a un élément qui nous est indiqué au début de l'intrigue que (personnellement) j'ai grillé sa véritable utilité presque instantanément... et quand cet élément sert à la fin ça nous laisse avec pas mal de questions...
- La musique est quasiment imperceptible dans le film... ça n'aurait pas été un problème si elle n'avait pas reçu l'Oscar de la meilleur musique ! SÉRIEUX ?!?

Créée

le 11 mars 2018

Critique lue 210 fois

2 j'aime

Cobi Cobb

Écrit par

Critique lue 210 fois

2

D'autres avis sur La Forme de l'eau

La Forme de l'eau
carolectrice
5

Shape of You

Ca fait des mois que Sens Critique nous fait baver devant cette magnifique affiche très énigmatique... alors voilà, ça y est, je l'ai vu le dernier Guillermo del Toro, j'étais allée fortuitement voir...

le 19 févr. 2018

169 j'aime

14

La Forme de l'eau
mymp
4

Waterproot

Les quinze premières minutes augurent du pire, en mode Amélie Poulain, la revanche : ambiance désuète, images ripolinées aux teintes verdâtres, musique d’Alexandre Desplat avec accordéon de...

Par

le 14 févr. 2018

116 j'aime

7

La Forme de l'eau
Moizi
5

#JesuisSamson

Je suis vraiment déçu par ce film, j'adore ce que peu faire Del Toro, mais c'est sans doute celui que j'aime le moins avec Blade II. Alors ce n'est pas mauvais, il y a plein de bonnes choses dans le...

le 19 janv. 2018

113 j'aime

7

Du même critique

Interstellar
GuillaumeBegue
9

Vers l'infini et Nolan !!!

Je vais être honnête : à la base je ne voulais pas voir ce film. Pourquoi ? Parce qu'il avait trop bonne réputation ! Ce qui me faisait avoir trop d'attentes par rapport au film. J'avais peur...

le 30 mars 2015

13 j'aime

2

Cube
GuillaumeBegue
10

Mon film préféré !

Il est rare qu'un film me souffle à chaque visonnage... il est également rare que je regarde un film plus de 30 fois au cours d'une même vie... Il est extrêmement rare que j'attribue un 10/10 à un...

le 4 févr. 2015

13 j'aime

3

Rencontre avec Joe Black
GuillaumeBegue
9

Rencontre avec un grand film !

Je n'ai vu ce film que récemment... Je ne savais pas du tout quoi en penser. La principale raison pour laquelle j'ai loué le DVD, c'est qu'il y a Anthony Hopkins au casting (et j'adore ce gars...

le 5 déc. 2014

13 j'aime

6