The Shape of Water est une véritable ode aux années 60, lors de la guerre froide aux Etats-Unis. Eliza, jouée parfaitement par Sally Hawkins, est une femme de ménage muette, travaillant dans un laboratoire de recherche top-secret, un jour elle découvre ce qui se cache au fond du laboratoire : un homme-poisson, ramené d’Amérique du Sud, où il est vénéré comme un dieu.
Ce conte est remarquable grâce à ces différents niveaux de lecture possibles : une réflexion sur la place de l’originalité dans le milieu du cinéma qui se veut traditionnel et sans prise de risque, la déshumanisation progressive de la société et la place des parias (femme muette, noire, homosexuel) dans la société.
On peut aussi souligner l’usage intelligent des couleurs pour mieux faire passer ces messages (par exemple le vert en tant que traditionalisme et bien-pensance par excellence, opposé au bleu, couleur de la vie et de l’amour), la mise en scène de Guillermo Del Toro, le magnifique travail du jeu de lumières du directeur de la photographie Dan Laustsen, les effets spéciaux fabriqués au lieu d’être numérisés et quelques séquences dansées très bien pensées.
Les acteurs jouent avec brio le rôle qui leur a été attribué, bien qu’ils soient souvent clichés à cause de la forme de conte de cette histoire. Alexandre Desplat fascine avec sa bande son aux petits oignons : c’est un sans-faute qui aurait sûrement encore plus marqué les esprits s’il n’avait pas eu une forme aussi traditionnelle et une fin si conventionnelle.