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Réussir à visionner sans aucun a priori un film qui cristallise autant d'attention n'est pas chose aisée. La Forme de L'Eau, dernier "monstre" du réalisation mexicain Del Toro, rentre dans cette catégorie des films enfilant les prix comme des perles mais naviguent toujours entre deux flots, sans mauvais jeux de mots. Comme souvent dans les oeuvres de l'homme derrière la caméra, le fantastique à la Maupassant s'invite dans le quotidien et c'est un conte auquel on se prête une fois de plus bien volontiers.


Nul besoin de revenir sur l'histoire que vous connaissez sûrement, à savoir une fille muette dans une Amérique en pleine guerre froide qui va trouver dans une créature amphibie le complément idoine à sa vie.


"La Forme de L'Eau" est un film que l'on peut trouver convenu à bien des égards, non pas parce que le scénario se laisse porter par le courant, mais parce que je pense sincèrement qu'en tant que Français, la direction artistique ne nous retourne pas littéralement comme nos voisins du monde. Pourtant, il faut bien reconnaître le talent de Del Toro avec une oeuvre qui a clairement de la gueule dans son approche stylistique. Utilisation habile et maîtrisée de la colorimétrie, des acteurs au somment (malgré le cabotinage habituel, bien qu'excellent, de Michael Shannon), une bande-son à tomber et une formidable leçon de vie qui tient l'ensemble dans une étreinte assumée.


Dans notre société individualiste et portée sur le narcissisme à outrance dans laquelle nous baignons tous à une échelle plus ou moins grande, c'est cette ode à la tolérance et au dénigrement du manichéisme qui marque le spectateur. Ce qui, vous en conviendrez, est somme toute assez plaisant à analyser et, à fortiori, à apprécier. Del Toro a pris le soin de distiller son message en filigrane plus ou moins marqué tout au long de son conte et laisse l'assistance en saisir à son rythme ce qu'elle veut.


Si l'on a connu le réalisateur plus inspiré dans son imaginaire et dans sa débauche de fantastique, il signe sans aucun doute ici son oeuvre la plus intimiste et poétique, bien aidé par les acteurs d'un côté et les départements photographie, son et effets visuels d'un autre. Mais La Forme de L'Eau ne nous noie pas dans la déception, même si la facilité scénaristique entache l'ensemble et empêche un véritable raz-de-marée d'émotions. C'est sur ce point précis que le conte n'arrive pas à nous transporter de bout en bout....

Angel
7
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Créée

le 6 mars 2018

Critique lue 222 fois

Angel

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