Pas forcément le meilleur client du travail de Guillermo Del Toro, dont je trouve le travail un peu en dent de scie, je me demandais de quel côté allais tomber la pièce pendant le visionnage de The Shape of Water.
Si l'on n'est pas dépaysé par la poésie imposé par les décors et l'ambiance retro et poétique, qui sont des classiques de Del Toro, je trouve la composition encore un cran au dessus de ce qu'il nous propose habituellement (associé en plus à une très bonne BO de l'incontournable Alexandre Desplat).
L'idée originale de la relation entre la créature et Elisa semble plutôt prometteuse de prime abord, mais elle est assez mal utilisée. Les 2 tombent amoureux sans même se questionner sur leurs différences, sur un coup de foudre à double sens en se voyant à travers la vitre et en partageant un oeuf. Un début de relation plus complexe et ambiguë aurait put entretenir un semblant de suspens totalement inexistant ici.
Dommage aussi pour un producteur Mexicain de se plier autant au symbole américain, qui veut que quelque film qui soit un peu retro ai forcément une connotation politisé avec la guerre froide.
On a d'ailleurs droit à tous les symboles de catégories sociales: une handicapée, un homosexuel, un méchant d'extrême droite, des afro-américains, des russes... A croire qu'il fallait plaire au plus grand nombre pour obtenir quelques récompenses bienvenues...
Je passerais sur les éléments un peu abracadabrantesques comme le manque de sécu autour de ce labo, Strickland qui trouve trop facilement l'habitation d'Elisa (d'ailleurs j'ai bien aimé Michael Shannon dans ce rôle, dommage que son personnage soit si grossier en écriture), puisque le film se veut plus fantastique que réaliste. Ce qu'on ne peut pas laisser passer par contre, c'est pourquoi Guillermo del Toro gâche autant les quelques plans qui auraient pu être iconiques? Que ce soit le plan dans la salle de bains, dont on excuserait facilement l'invraisemblance si il durait plus de 3 secondes pour pouvoir admirer sa poésie, ou le plan final, il y avait vraiment matière à donner un peu de matière à l'image de l'affiche du film, mais c'est complètement gâché par de mauvais choix de mise en scène, dommage dommage. En plus, la forme de la crétaure, beaucoup trop humanoïde, manque aussi de créativité et d'audace.
Au final j'ai bien plus été convaincu par le potentiel et l'ambiance du film que par sa réalisation, un peu frustrant surtout qu'on peut pensé que le travail scénaristique n'a pas été très compliqué.