La Foule dépeint une société américaine de la fin des années 20 en crise d'identité, notamment à cause du rêve américain qui s'auto-détruit en s'auto-entretenant. John Sims veut être quelqu'un de grand depuis son plus jeune âge pour honorer la mémoire de son père. Jeune homme ambitieux, il part à New York pour travailler le jour, et étudier la nuit.
Déjà la présentation de cette ville nous montre par effets de surimpression une foule compacte, prisonnière dans ce décor qui fait tant rêver, et prisonnière d'une illusion qu'elle ne peut pas accepter.
John n'a qu'un but : se détacher de cette foule, qu'il ne peut que mépriser et considérer comme un obstacle à sa réussite et à son bonheur. Mais un soir, Bert lui fera rencontrer Marie, puis l'histoire d'amour quoi (mariage, enfants, disputes toussa toussa). Scènes oniriques qui révèlent les sentiments les plus profonds des visages de ces deux acteurs s'entremêlent avec scènes de tension dans ce couple, qui mélangent burlesque et drame. Et cet instant pendant lequel Mary annonce qu'elle est enceinte. Pas besoin d'intertitres, il suffit de lire sur ses lèvres et voir son regard à la fois désespéré et rempli d'espoir pour se rendre compte de sa sincérité et de sa beauté.
Arrive alors la pierre angulaire du film, surprenante, qui casse le rythme établi du train train quotidien. Et cette foule, toujours omniprésente...
Le rapport que John entretiendra avec elle changera petit à petit, passera par différentes étapes. Après avoir voulu la dépasser, il décidera de la quitter, puis cherchera à la réintégrer tant bien que mal. Cette foule qu'il a tant méprisé devient la seule à pouvoir le sauver à présent. Finis les rêves de splendeur, les besoins de la dure réalité se font ressentir.
Mais La Foule finit pourtant sur une scène des plus belles et des plus optimistes. John aperçoit une nouvelle lueur de gloire à l'horizon, bien plus modeste et sincère que toutes celles qu'il a pu croire apercevoir jusqu'alors. Libre est le spectateur d'imaginer son futur.
En attendant, John Sims reste au milieu de cette foule, hilare face à ces drôles de personnages qui se mettent en scène, juste pour le plaisir éphémère de leurs spectateurs.
yaya-dc
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le 24 mars 2014

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