J'aime bien Edith Piaf, mais quand j'ai appris qu'elle avait réalisé un film j'étais un peu circonspect.
Plus sérieusement, l'envie de voir ce film muet de 1928 me vient d'un de mes éclaireurs l'ayant intégré à son top 10. Etant habituellement plutôt féru du genre, je me suis donc plongé dans ce film.

Que dire qui n'ait pas été déjà dit, mieux dit ?
La Foule raconte l'histoire d'un homme qui vit la désillusion peu ou prou inhérente à l'existence humaine. Un enfant qui se rêve de devenir quelqu'un, dont son père lui prédit un grand avenir, qui clame qu'"he just needs an opportunity".
Pourtant la vie n'en a pas décidé ainsi. Pour l'immense majorité des gens, pour la foule, les rêves ne restent que des rêves (on dirait du Didier Barbelivien cette phrase).
Finalement, dans la première partie du film, on assiste à l'intégration du héros (John Sims) à la foule, lui qui voulait s'en démarquer. Lui qui se moquait d'un homme condamné à faire le clown publicitaire pour gagner sa vie et de ses probables espoirs déchus.
Pourtant, dans cette première partie, si ses rêves ne se réalisent pas, une histoire d'amour naît. Si de nos jours elle peut paraître invraisemblablement rapide (la demande de mariage au premier rendez-vous...), on passe outre ces détails pour voir la beauté de cette histoire. Elle magnifie le quotidien, sublime la banalité et permet d'oublier ses rêves déchus.

La deuxième partie marque une deuxième vision de la foule. Après l'intégration par désillusion, l'exclusion par le drame. Les malheurs s'enchaînent, le héros s'isole.
Tout ça permet une critique de l'individualisme de la société, en même temps que de notre besoin de se sentir accepté...

Mais pour être franc, on peut analyser ce film, détailler son scénario, sa mise en scène, son jeu d'acteurs, sa splendide BO... Au fond, l'important, c'est que ce film nous fait regretter qu'il s'arrête. J'ai été emporté comme rarement, touché comme rarement. Ce film raconte une histoire de la vie, la vraie, avec une délicatesse incroyable.

Par contre je ne comprends toujours pas ce qu'a Gilbert Montagné contre ce film.
No, no don't let me play the fool...

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le 4 févr. 2015

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Black_Key

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