Le venin
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Il a 12 ans, boucles brunes et regard clair dans un visage rieur : celui d'un jeune garçon né un 4 juillet, en cette fête nationale qui autorise tous les espoirs d'une foule en liesse.
Mais la vie n'est qu'une succession de moments joyeux et tristes et la disparition prématurée d'un père que John adorait, va accentuer chez l'enfant une indicible mélancolie, le transformant en jeune homme rêveur dans ce New York des années 1930 , ville réduite à une collectivité humaine, artificielle et indifférente où l'individu n'est plus qu'un être abandonné, livré à lui-même et privé de ressources.
Dix ans plus tard John est entré dans le rang, travaille dans un bureau et comme tous les jeunes gens de son âge, à 17 heures tapantes il quitte sa prison pour s'évader avec Bert, bon copain et bon vivant, vers ces horizons de plaisir ludique qui font battre le coeur plus vite, surtout quand ils prennent le visage de la grâce et du charme féminin.
Badinage, premiers émois et premier baiser : on se chamaille, elle se défend, et dans un soupir elle se rend.
On joue à être amoureux et très vite on le devient.
Mary est douce, belle, passionnée et leur voyage de noces aux Chutes du Niagara revêt les allures d'un rêve éveillé : celui d'un jeune couple à qui tous les espoirs sont permis, et qui s'émerveillent l'un de l'autre à chaque regard.
Une oeuvre qui est d'abord une fresque sociale, certes, mais surtout un film intimiste où Vidor évoque avec précision l'échec et le désenchantement du rêve américain, incarné par son héros, superbe James Murray, qui peu à peu s'enfonce dans un mal-être profond, perdant au fil du temps tout espoir d'un avenir meilleur, accablé par un drame tragique qui a annihilé chez lui toute envie de vivre.
Et comme le malheur, c'est bien connu, n'arrive jamais seul, travail , amour et joie le désertent, l'homme se retrouve face à lui-même et désemparé, n'ayant qu'un unique désir : fuir et surtout se fuir.
Un désespoir qui nous offre les plus belles scènes du film, l'amour inconditionnel d'un jeune enfant, pour qui son père, quoi qu'il fasse, restera toujours son héros :
je veux être comme toi
lui dit-il, son regard pur levé vers cet homme qu'il aime et admire de toutes ses forces, sa menotte glissée dans la main de John, rasséréné par ce petit bonhomme, tandis que leurs deux silhouettes côte à côte s'éloignent sur le pont.
Ce thème de l'échec, traité avec une intensité peu connue à l'époque, aurait pu faire augurer d'une issue tragique, mais Vidor lui a préféré l'optimisme, une fin ouverte en quelque sorte, symbolisée par un fragile et odorant bouquet de violettes, fragrance ténue qui s'est insinuée en moi, tandis que bouleversée, je ne pouvais plus détacher mes yeux de l'écran.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Baisers de cinéma légers, amoureux, sensuels ou osés, ceux qui m'ont troublée, émue, éblouie ou chamboulée dans des scènes plus ou moins mythiques qui m'ont donné envie de traverser l'écran, Le charme ineffable du mélodrame : tout ce que j'aime (ou pas!), Top 10 Films, Ces Muets, parlants au-delà des mots... et Passent les jours et passent les semaines...
Créée
le 1 nov. 2012
Modifiée
le 1 nov. 2012
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