La Fracture est le 11e long-métrage de la réalisatrice française Catherine Corsini. Ce long-métrage prend une tonalité particulièrement contemporaine en posant son récit autour du mouvement social des Gilets Jaunes, qui a bouleversé la France de 2018 à 2019. On y suit le périple de Raf et Julie, un couple au bord de la rupture, qui se retrouvent dans un service d’urgences proche de l’asphyxie le soir d’une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l’extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue…
Pio Marmaï, Marina Foïs et Valeria Bruni Tedeschi sont les têtes d'affiches de la Fracture. Le film a été présenté en compétition au festival de Cannes et hors-compétition au festival de Deauville, en 2021.
Avec ce couple lesbien, bourgeois et parisien incarné par Marina Foïs et Valeria Bruni Tedeschi, on pourrait penser que la Fracture, dès son introduction, sera une comédie sociale quasi vaudevillesque. Ce sera plus complexe : avec justesse, la Fracture - excellent titre à double sens, au passage - est un film choral où le drame et la comédie s'entre-mêle pour mieux répondre à l'objectif de décrire l'état d'une société à un moment donné. Quoi de mieux qu'une salle d'attente d'un service d'urgences, lieu de passage par excellence, pour cela ?
Cette mini-Comédie humaine à huis clos, où la classe aisée se retrouve à côtoyer la classe populaire en colère (Pio Marmaï en grande forme), fait mouche par la précision de ses dialogues et la qualité du scénario. Aborder la question des Gilets Jaunes, mouvement social dont les stigmates sont encore bien vivaces, pouvait être périlleux. La Fracture réussit son subtil mélange des genres sans tomber dans le pathos ni le moralisme. Et surtout, en proposant un film intense, un quasi thriller où la tension est omniprésente. Une belle réussite.