Quantième Art
Il est parfois regrettable que le cinéma italien, fort d'une si grande richesse, se piège tout seul dans d'ennuyeux domaines de prédilection depuis quelques années. Journalisme, politique, meurtres qui tombent comme un capello sur la zuppa... Tout cela n'est bien entendu pas symptômatique d'un mauvais film, mais c'est suffisant pour se faire du connaisseur un ennemi. De plus, « la juste distance », justement, est totalement absente entre les éléments importants de son scénario. Il laisse le spectateur patauger longtemps dans des micro-histoires qu'il va avoir du mal à relier puis va peiner pour montrer ce qui est important et ce qui ne l'est pas.
L'histoire est une métaphore involontaire de journalisme dont elle se fait la correspondance ; une sorte de mosaïque bâclée de faits réels, qui dans la précipitation (fussé-ce celle de l'acteur ou du lecteur) sont rendus mal accentués et/ou mal remis dans leur contexte. Certaines parties se chevauchent avec d'autres (les relations mouvementées du personnage de Valentina Lodovini notamment, dont on a l'impression – même pas fausse – que tout homme se transforme en prédateur en sa présence) tandis que certaines sont éloignées (le même personnage est censé être professeur mais cet aspect pourtant prépondérant d'une vie – la profession – est presque complètement mis de côté) voire absentes (on n'a même pas d'indice propre quant à l'identité réelle de l'assassin).
Heureusement que l'Italie est talentueuse dans son malheur et que son expertise dans la création de telles ambiances est sans faille, au point qu'on a vite fait, par moments, d'éteindre son sens critique et d'apprécier l'image telle qu'elle est.