La richesse des archives...
La critique cinématographique de ce documentaire est-elle possible ? Oui bien sûr, car il n'est pas exempt de quelques afféteries... Mais s’arrêter à ceci serait comme regarder le doigt du sage...
le 27 août 2016
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Vu en avant-première à l'Institut Lumière de Lyon, en présence de Luc Jacquet, le 30 Septembre 2015
Si le film de Luc Jacquet n'est pas un chef d'oeuvre (à écouter les spectateurs écologistes et écolophiles de la salle, il semble pourtant en être un, mais c'est ici un cinéphile passionné qui écrit avant tout.) il possède tout de même de sacrés atouts.
En se focalisant sur la grande figure, pourtant peu connue du grand public, qu'est Claude Lorius, amoureux des glaces et son plus grand défenseur, on aurait pu penser le film un peu technique et laborieux.
Mais Luc Jacquet, grâce à un montage efficace et à une narration rythmée, balaie ces préjugés d'un revers de la main et livre ici un beau récit, celui d'une vie portée par un désir d'aventure mais aussi de découvertes scientifiques.
Car, sans jamais délaisser les données scientifiques précises, Jacquet focalise l'action de son documentaire sur les aventures qu'a vécu Lorius et les combats (toujours actuels) dans lesquels il est engagé ; majoritairement celui de dire au monde que la planète se réchauffe extrêmement dangereusement et que nous courrons à notre perte.
Comme toujours dans ces messages écolos, il y a une part d'accusation. Mais elle est ici subtile et finale, marquée par cette phrase "Maintenant que vous savez, qu'allez vous faire ?"
Sorte de fatalisme un peu désespéré, qui laisse un goût amer : le film ne servirait-il donc à rien ? Car plus tôt dans le film, Lorius nous annonce "Même en diminuant considérablement nos émissions de CO2 dés maintenant la fonte des neiges serait inévitable." Très bien alors. Mais que faire ?
C'est bien là l'un des majeurs problème du film ; s'il constate avec beaucoup de beauté et d'intelligence une situation critique, il ne donne néanmoins jamais les clés de la solution et laisse peser lourdement ce fardeau sur les épaules des générations prochaines, accusées et contraintes de résoudre les problèmes de leurs prédécesseurs.
Mais laissons-ici ces considérations politico-écolo-sociale pour nous focaliser sur l'aspect formel et cinématographique du film (car c'est sûrement ce qui, présentement, nous intéresse le plus).
Je l'ai dit plus haut, le film est très léger (excepté cette gravité intelligente finale qui donne une toute autre dimension, un tout autre poids à l'ensemble global), grâce à une efficacité du montage, une narration vive et un rythme nerveux (beaucoup de choses, mais pas trop, le tout en 1h29).
Servie par de très belles images d'archives et des très puissantes images de paysages (dont on reproche parfois l'inutile longueur de certaines, mais dont on admire l'intelligence d'autres - dressant de fins parallèles entre ce qui est dit et ce qui est montré, appuyant le propos - notament ce plan géant qui montre un glacier, telle une bête quasi monstrueuse qui petit à petit se désagrège pour se conclure en un amas de roches sales et noires, témoins tragiques de la fonte progressive des glaces-) , on peut pour autant reprocher la trop prononcée envie de "mettre en scène".
Certains plans nous font ainsi douter quant à leur honnêteté, les images d'archives étant ainsi trafiquées, manipulées. S'ajoutent à ce défaut une musique criarde et - quoiqu'à quelques moments jolie - et un peu facile... Le tout est heureusement servi par des effets sonores et des bruitages puissants et précis, totalement immersif, dont on regrette encore une fois qu'il ne sont qu'un produit trafiqué de post-prod et non des bruits originaux...
Un spectateur a osé une métaphore cavalière en annonçant que le film devrait je cite "inonder les salles et les écoles du monde entier" (on remarquera le cynisme vis-à-vis de la montée progressive des océans qui menacent des millions de personnes sur Terre).
N’exagérons pas tout de même.
La Glace et le ciel vaut le coup pour ses images sublimes, son intelligence et l'hommage vibrant fait à un homme dont le combat est essentiel.
De là à inonder les salles du monde entier...
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Créée
le 1 oct. 2015
Critique lue 599 fois
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