Le début du film nous fait craindre une adaptation un peu creuse, sans véritable portée dramatique ou humoristique, une adaptation académique qui ne serait qu'un charmant livre d'images provençales. L'accent chantant et les mots d'enfants, l'avenant couple Pagnol (Philippe Caubère et Nathalie Roussel) ne donnent guère de relief aux souvenirs d'enfant de Marcel Pagnol.
Et puis, transportant la famille de l'instituteur au coeur de la garrigue, où Joseph a acquis un maison de vacances, Yves Robert trouve le ton juste et parvient à restituer le talent des personnages. En premier lieu celui de Joseph Pagnol, instituteur républicain et laïc, que le regard de Marcel élève au rang de surhomme infaillible. Précisément, la gloire de son père sera la chanceuse conséquence d'une partie de chasse avec l'oncle Jules et qui vaudra au citadin engoncé, au chasseur profane, devant Marcel triomphant, les compliments unanimes des villageois.
Cette chasse constitue un long épisode du film et l'image du père occupe une place prépondérante, conformément au récit autobiographique de Marcel Pagnol. Caubère incarne avec talent cet homme instruit et éloquent capable, ainsi que l'auteur l'indique avec affection et humour, d'avoir comme tout un chacun, ses petits moments de vanité ou d'ignorance. Ce en quoi consiste son attachante humanité.