Ce film de Michael Curtiz a au moins cela de passionnant, démontrer les limitations temporelles, géographiques ou culturelle d'un succès, avec un chant patriotique de l'acabit de "La Glorieuse Parade" aka Yankee Doodle Dandy. C'est un succès états-unien d'hier (en pleine rentrée dans la WW2, ils sont toujours aussi forts pour produire ce genre de propagande qui brosse la population dans le sens du poil, en lui tendant un miroir extrêmement avantageux) et d'aujourd'hui (le film étant un incontournable sur le sol américain, dans le top 100 de l'American Film Institute), mais dont le clivage de notoriété entre les 17k notes sur IMDb comparées aux pauvres 160 sur SensCritique retranscrit bien l'origine et le cadre du succès.
Bon personnellement, la vie de George M. Cohan ne m'a absolument pas intéressé en tant que telle, Curtiz n'ayant pas réussi à faire mieux qu'une très longue comédie musicale pétrie de patriotisme propagandiste — sur ce terrain-là, les soviétiques étaient décidément infiniment plus talentueux, on ne le répètera jamais assez. La vie de cette famille, les premiers pas hasardeux jusqu'au succès à Broadway, c'est un décorum qu'on pourrait voir planté dans un film de Capra parmi ses plus naïfs et optimistes. Le film ne cache jamais son unilatéralité dans l'hymne à l'Américain, et voir James Cagney passer d'une carrière de gangsters protéiformes à ce danseur de claquettes (je ne l'aurais pas imaginé aussi dynamique cela étant dit) a quelque chose de désarmant. Tout comme Walter Huston dans le rôle du père.
La trajectoire du protagoniste est d'une fadeur intense, c'est un gars à qui tout réussit sans que l'on perçoive la difficulté ou les embûches, à quelques détails cosmétiques près. La structure est d'une prévisibilité ahurissante, dans le courant des hagiographies standards, c'est vraiment de l'ordre du matraque outrancier et indigeste. L'absence de complexité et le caractère lissé à l'extrême du scénario a raison de toute bonne volonté de ma part.