Peppone,le maire communiste de la petite ville de Brescello,se présente aux élections afin de devenir député.Son vieil ami-ennemi le curé Don Camillo va s'employer à saboter sa candidature.Ce troisième épisode de la saga inspirée des écrits de Giovanni Guareschi voit Julien Duvivier,réalisateur des deux premiers,céder la caméra au vétéran italien Carmine Gallone,qui fera aussi le suivant,"Don Camillo Monseigneur" en 61.En l'absence de Duvivier et de René Barjavel,qui se contente de signer les dialogues français,le scénario et l'adaptation ont été confiés à Guareschi en personne.C'est toujours produit par Rizzoli Films et on retrouve dans l'équipe technique le musicien Alessandro Cicognini et le chef-op Anchise Brizzi,le premier ayant composé les partitions des deux films précédents et le second ayant éclairé "Le retour de Don Camillo".La photo,un superbe noir et blanc,est d'ailleurs de grande qualité tandis que Gallone fait parler son métier et aligne de jolis plans utilisant à merveille la profondeur de champ et mettant bien en valeur Brescello et la Plaine du Pô l'environnant.Il gère en outre parfaitement les déplacements des personnages à l'intérieur des scènes,livrant un travail très propre.Cependant l'ensemble manque du punch et du liant des versions Duvivier ,se résumant trop souvent à une suite de gags peu rythmés et redondants par rapport aux opus précédents.Ainsi Guareschi se contente-t-il généralement de recycler des situations déjà vues notamment dans "Le petit monde de Don Camillo".Du coup le char d'assaut planqué à la ferme rappelle-t-il la maison pleine d'explosifs,la fugue de Maria le suicide des amoureux,tandis que le départ en train relève quasiment du copier-coller.On assiste entre-temps aux éternelles bisbilles entre le curé et le maire,à leurs coups tordus consistant pour chacun à mettre l'autre dans les ennuis avant de finalement voler à son secours.Tout ceci est sympathique et se laisse voir mais l'effet de surprise s'est évanoui depuis longtemps.Fernandel et Gino Cervi sont encore une fois magistraux dans leurs numéros bien rodés.Le français incarne avec une surprenante puissance physique ce serviteur de Dieu rusé et manipulateur aux accès de violence difficilement contenus par ses conversations avec un Seigneur dont les voix sont moins impénétrables que les voies.L'italien est fantastique en coco en apparence borné mais plus vulnérable et conciliant que ses déclarations publiques ne le laissent supposer.Ce qui ressort au fond est le fait qu'ils ne peuvent se passer l'un de l'autre,qu'ils ont mutuellement besoin de leur antagoniste pour exister,manière de dire que religion et gauchisme sont les deux faces d'une même pièce et que l'absence de l'une d'elles risque de déséquilibrer l'ensemble.De bons comédiens présents dans les films précédents ont rempilé,à l'exemple de Leda Gloria,Saro Urzi et Marco Tulli,alors que sont venus en renfort de grands acteurs tels que Paolo Stoppa et Memo Carotenuto,sans oublier la jolie française Claude Sylvain en jeune militante communiste faisant vaciller la fidélité du strict Peppone,élément amusant vu de notre époque où fleurissent les affaires de moeurs liées à des personnalités connues.