Voici le numéro 3 de la saga : "la Grande Bagarre ..."
Les choses ont évolué puisque Julien Duvivier a quitté le navire avec son scénariste René Barjavel. L'affaire s'italianise un peu plus puisque c'est Carmine Gallone qui prend les rênes et se fait aider carrément au scénario par Giovanni Guareschi, le créateur des deux personnages Don Camillo et Peppone.
La trame générale du scénario repose cette fois-ci sur une nouvelle échéance électorale où Peppone se présente à la députation au grand dam (par principe) de Don Camillo. Se greffent sur cette ligne directrice plusieurs "side stories", comme on dit en bon français, l'épouse de Peppone jalouse de la jeune et nouvelle secrétaire envoyée par le Parti (Claude Sylvain), le fait que Peppone doive passer le certif et divers autres conflits pour lesquels Don Camillo se plait à attiser le feu...
Mais le point qui me parait intéressant est en marge de l'histoire proprement dite du film. C'est la stratégie lancée par les Soviétiques par le biais des PC locaux qu'on retrouve dans les années 50 avec le Mouvement de la Paix. En effet, au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale, c'était un bon angle d'attaque sûr d'emporter l'adhésion que de militer pour la paix, et par voie de conséquence pour les communistes, d'autant que la guerre de Corée faisait rage et que des tas de mouvements indépendantistes prenaient naissance ici et là. En France, le Mouvement de la Paix était complètement noyauté par le PCF et on peut voir aussi qu'en Italie, il en était de même.
A part ce petit point d'Histoire qui n'est qu'une curiosité en fait, on retrouve toujours notre Fernandel prendre des positions de principe, s'opposer à Peppone pour mieux se mettre d'accord ultérieurement. Les gags sont, heureusement, différents mais du même tonneau que dans les opus précédents.
Le meilleur gag m'a semblé être le coup de la rédac' au certif' où Peppone décrit une histoire (de Résistance) complétement démentie par l'image.
Un détail auquel je n'avais pas prêté attention dans les deux opus de Duvivier mais qui se produit à plusieurs reprises dans la "Grande Bagarre" : on voit, ici, Fernandel (quand il est outré) s'enfuir vers le fond de l'église à contre-jour : la caméra restant à la porte, on voit alors une silhouette noire courant, dont la taille diminue, avec les pieds en dix heures dix, les bras battant l'air comme un espèce de gnome ... C'est une belle prise de vue.
Au final, je vais rester avec la même note que le "Retour". La surprise du "petit Monde" est passée mais le niveau de l'histoire et le jeu des acteurs n'a pas faibli par rapport au "Retour"