Paolo Sorrentino paye son tribut aux grands maîtres italiens que sont Fellini et Visconti avec cette satire étourdissante de la vanité et de l'ineptie de la jet-set romaine. "La Grande Bellezza" s'ouvre sur une longue-séquence électrisante et survoltée d'une fête où le grotesque,le baroque et la décadence sont de communes invitées. Sorrentino fait le portrait frictionnel de Jep Gambardella,65 ans,écrivain primé pour le seul roman qu'il ait jamais écrit 40 ans auparavant. Revenu de tout,d'une extrême lucidité sur le vide qui l'entoure,il distille quotidiennement son cynisme depuis sa terrasse face Colisée tout en regrettant avec mélancolie un passé qui aurait pu être différent. Toni Servillo pourrait facilement rendre ce personnage antipathique,mais c'est tout le contraire qui se produit. On a pitié de lui,on voudrait qu'il ait une seconde chance. Peut-être arrivera t-elle en laissant ses excès derrière lui? La description de la fauve romaine et de ses freaks rappelle forcément "La Dolce Vita",avec la touche virevoltante d'un auteur sabordant l'Italie berlusconienne,tout en s'ébahissant devant la Rome éternelle. Esthétiquement sublime. Grand Prix du Jury Cannes 2013 . Grand film.
Akamaru
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top 20 (2012) et Top Paolo Sorrentino

Créée

le 18 mai 2014

Critique lue 311 fois

Akamaru

Écrit par

Critique lue 311 fois

D'autres avis sur La grande bellezza

La grande bellezza
Sergent_Pepper
7

Le tourbillon de la vanité

Le prologue du film est on ne peut plus programmatique. En mouvement constant, il explore dans toute la latéralité possible une place et les gens qui s’y croisent, avant qu’un micro événement – la...

le 2 juil. 2013

71 j'aime

La grande bellezza
guyness
5

Fortement, à Rome, attisé

En fêtes, tu es un garçon plutôt triste Au fond, quoi de plus lugubre qu’une fête ? Attention, je ne parle pas d’un soirée improvisée entre pote ou une bonne bouffe en nombreuse compagnie. Encore...

le 17 nov. 2013

63 j'aime

10

La grande bellezza
Arlaim
9

La Grande Beauté perdue dans le Néant

En 1960, La dolce vita libère l'imaginaire de Fellini et lui ouvre les portes de l'onirisme et de la psychanalyse. En effet, pour la toute première fois, il raconte et dépeint généreusement un monde...

le 23 janv. 2014

57 j'aime

Du même critique

Blood Ties
Akamaru
6

La nostalgie du Nouvel Hollywood n'excuse pas tout ...

Pour sa première expérience américaine,on peut dire que Guillaume Canet s'est bien entouré,puisque son mentor-scénariste-producteur n'est autre que l'illustre James Gray. Le roi du polar et du...

le 5 nov. 2013

9 j'aime

The Place Beyond the Pines
Akamaru
8

Tous forgés par notre ascendance et notre descendance.

Cette saga criminelle ample et ambitieuse se double d'un mélodrame filial souvent poignant. Derek Cianfrance,que l'on avait découvert avec le fougueux "Blue Valentine" confirme son talent de metteur...

le 1 avr. 2013

9 j'aime

Les Brasiers de la colère
Akamaru
5

"Voyage au bout de l'enfer" version cheap.

En seulement 2 films,les thématiques de Scott Cooper ont été bien cernées. Il s'intéresse à l'Amérique profonde en détresse,celle d'un misérable chanteur de country sur le retour("Crazy Heart),celle...

le 4 févr. 2014

8 j'aime

1