Luxe, Rome et nostalgie...
Il y a un peu de la "Dolce Vita" et beaucoup de Fellini (voire du Pasolini !) dans ce Sorrentino là… (des bonnes sœurs, des femmes nues, une naine, une girafe, une sainte, des flamands roses) et aussi des fêtes, des femmes (habillées), du sexe, de la drogue et Rome, magnifiquement filmée, comme un personnage du film à part entière. Et pourtant c'est aussi une réflexion sur la vieillesse, la déchéance, la futilité, la comédie humaine...
Et puis il a Jep (Toni Servillo, impressionnant d'élégance, de classe et de finesse avec son visage de clown triste) : écrivain cynique et blasé, jet-setter charmeur et charmant, baladant sa nonchalance désabusée à travers le monde superficiel de la nuit, mais qu'on se surprend à découvrir tendre et sensible quand il rentre chez lui au petit matin.
Avec la nouvelle de la mort de son premier amour arrive la nostalgie… Jep apprend qu'il a été le seul et unique amour de cette femme (qui pourtant l'a quitté et a vécu 35 ans avec un autre) et c'est l'occasion pour lui de revenir sur sa vie, d'y chercher un sens, à travers ses regrets, ses doutes, ses questions sur la spiritualité, sur ce qui aurait pu être une belle histoire…
Tout le film est ponctué de petites scènes (ses rencontres, ses amis, les femmes), qui peuvent donner au film un côté "décousu"... Parfois drôles, parfois mélancoliques ou graves, parfois carrément loufoques ou improbables (la girafe, le Botox à la chaîne), parfois magiques (les flamands roses), elles sont toujours filmées avec un regard rempli de tendresse et de bienveillance et empreintes de beauté.
On retrouve avec "La Grande Bellezza", ce style propre au cinéma italien et qu'on croyait perdu, fait de sensibilité et de finesse, de légèreté et de gravité, de nostalgie et de cynisme, au parfum doux-amer mais filmé avec une grande délicatesse et tout en nuances… Cette "grande beauté" est à voir !