La Grande Course autour du monde par Ninesisters
Long-métrage un peu oublié de nos jours, La Grande Course autour du Monde a pourtant été réalisé par Blake Edwards, surtout connu pour avoir mis-en-scène Peter Sellers dans la série des Pink Panther ou encore dans The Party.
Ici, il cherche à rendre hommage à la fois à l’humour de Laurel & Hardy – auxquels ce film est dédié – ainsi qu’aux cartoons. Si Les Fous du Volant n’était pas postérieur à la sortie de La Grande Course autour du Monde, nous pourrions jurer qu’il s’en inspire, tant il serait aisé d’y retrouver les figures de Pénélope Jolicoeur, Pierre de Beau-Fixe, et bien entendu les deux malfaisants compères : Satanas et Diabolo.
Le film s’ouvre sur un générique étonnamment long – près de 5 minutes, tout-de-même – mais absolument pas déplaisant pour autant. D’une part la musique, signée une fois de plus Henry Mancini, est une petite merveille, et de deux, car le générique est très bien conçu sur le plan visuel, au moyen d’une série de panneaux qui annoncent bien la couleur du délire à venir.
Si vous trouvez cette durée excessive, dites-vous bien que La Grande Course autour du Monde dure 160 minutes. Quand même.
La première demi-heure (environ) pose la rivalité entre Tony Curtis et Jack Lemmon, le premier accomplissant exploit sur exploit, tandis que le second rate tout ce qu’il entreprend, à commencer par ses tentatives pour saboter les prestations de son rival. Son inefficacité n’a d’égale que celle de Vil Coyote fomentant les plans les plus machiavéliques pour attraper Bip-Bip.
Ensuite, nous passons à la course à proprement parler, émaillée de nombreux arrêts ou d’accidents plus ou moins fortuits. Au programme : bagarre générale dans un saloon, plus grande bataille de tartes à la crème de l’histoire du cinéma – rien que ça – et toujours ce ton décalé, limite absurde, ces couleurs sorties tout droit de Mary Poppins, quelques actes de bravoure (entre deux gags), et surtout de la bonne humeur, toujours de la bonne humeur, encore de la bonne humeur. Un régal.
Il y aurait beaucoup à dire sur les personnages. Natalie Wood est excellente en suffragette déterminée à arriver à ses fins – emmenant dans son sillage des femmes que leurs maris auraient préféré voir rester dans leurs cuisines – tandis que Tony Curtis campe une caricature de héros, parfait en tout point, séducteur involontaire, dont le costume d’un blanc immaculé semble incapable de se salir, ce quelles que soient les situations. Mais le vrai héros, c’est le professeur Fate. Le scénariste a conçu à dessein un personnage trop parfait qui se contente d’être, tandis que sa Némésis est beaucoup plus attirante ; déjà car c’est souvent par lui que le gag arrive, mais aussi car sa propre caricature – cape noir, moustache méphistophélique, et haut-de-forme – est de toute façon plus drôle. Cela tombe bien, car Jack Lemmon porte nombre de scènes à lui tout seul.
Que voulez-vous dire de plus ? Sinon rappeler que la musique de Henry Mancini est peut-être une des meilleures qu’il ait composé. La Grande Course autour du Monde est un enchantement de tous les instants, un film drôle, rythmé – ses 2h40 passent sans aucun problème – riche en péripéties et en rebondissements, bref un divertissement au sens le plus noble du terme. Hollywood n’en fait plus des comme ça, et c’est bien dommage !