"Un camp de prisonniers ça sert à s'évader !"

« La grande illusion » est le premier film du monument Jean Renoir que je vois, c’est aussi la première fois que je vois un film avec Jean Gabin. En outre, le film est un chef d’œuvre du cinéma français, autant dire que j’en attendais beaucoup, peut-être un peu trop, finalement. Si je ne suis pas vraiment friand du cinéma français, qui a trop souvent tendance à tomber dans le pathos et le pâté, je connais quelques exceptions qui confirment la règle, et j’essaie aussi de m’y intéresser sans jugement hâtif.
L’histoire s’intéresse à deux soldats français emprisonnés dans une forteresse allemande, durant la Première Guerre mondiale. L’intrigue repose donc sur leur évasion, les thèmes abordent les relations entre les Français et les Allemands durant le conflit.

Si je ne me suis pas ennuyé, j’ai tout de même été largement déçu par ce film qui ne m’a pas semblé très abouti, ni sur le fond ni sur la forme. La première demi-heure est franchement gonflante, il ne se passe pas grand-chose, le reste du film est un peu plus intéressant, sans non plus faire des exploits. Les dialogues sont barbants, et parfois comiques malgré eux. J’ai eu un sentiment d’œuvre brouillon, comme si parfois il manquait certaines scènes cruciales pour trouver le bon équilibre. Le mixage du son et des séquences est abominable, avec parfois des envolées dans la musique qui sont amputées par l’arrivée soudaine d’une nouvelle séquence, et l’époque de production ne suffira pas à justifier une telle maladresse technique.

On a aussi souvent le sentiment que les prisonniers sont en colonies de vacances. Alors je veux bien admettre, effectivement, qu'être prisonnier de guerre n’est pas aussi spectaculaire que nous le décrivent les films hollywoodiens, mais je pense que ce n’était pas non plus un séjour de plaisance, et le film peine à trouver un juste milieu. En tout cas, je n’y ai pas cru une seule seconde. En tant que spectateur, j’aurais préféré une approche plus scénarisée, plus dramatique, et j’aurais même toléré des faits exagérés plutôt que cette absence surprenante de gravité.

Les rôles sont plutôt bien définis, avec des personnages intéressants et bien tenus. C’est l’une des plus belles qualités du film, selon moi.

Pour être honnête, je n’ai pas vraiment accroché, et j’avoue que j’ai l’impression que cette œuvre est largement surestimée.