La grande illusion, ou comment , en dépit des apparences, l'inégalité entre les hommes subsiste, malgré la guerre et au-delà de la guerre. Pourtant, loins du front, ces prisonniers français de la Grande Guerre paraissent, dans le dénuement de leur captivité, se ressembler tous. Mais leur condition sociale, même dans l'adversité, se fait jour.
Plus prégnante que les frontières des nations, plus fondamentale que la barrière des langues, la communauté de classes sociales ou de religion continue de s'exprimer où que ce soit, quoiqu'il arrive. L'incompréhension entre les hommes, certains issus du peuple, d'autres aristocrates, juifs ou d'une autre croyance, est naturelle, insoluble, selon Renoir. Précisément, la fraternisation aristocratique entre les deux officiers ennemis (Pierre Fresnay et Erich von Stroheim, qui trouvent dans l'anglais un langage commun et élitiste) ou bien la relation sentimentale entre l'évadé français roturier et la veuve de guerre allemande (Jean Gabin et Dita Parlo) démontrent ce qui pourrait sembler un paradoxe ou une gageure..
Au-delà, la vie collective de soldats français dans une forteresse allemande, leurs velléités d'évasion, constituent le décor tragi-comique de la thématique.