C'est un film magnifique où il n'y a pas de "méchants"
Voilà un film que j'ai aimé dès la première vision. Et que je continue d'aimer vision après vision. L'amitié qui lie les deux aristocrates merveilleusement joués par Erich Von Stroheim ("l'homme que vous aimeriez haïr" !) et Pierre Fresnay d'une part, celle qui lie Maréchal et Rosenthal d'autre part, formidables Gabin et Dalio, n'est pas une illusion même si elle peut s'avérer illusoire face à la folie des hommes... C'est un film magnifique où il n'y a pas de "méchants" (il faut le faire pour un film de guerre !).
Mais savez-vous que l'histoire même du film pourrait faire un bon scénario ? Que je vous raconte : le film est sorti en 1937. Les négatifs originaux ont été détruits par les nazis venant occuper la France. En 1958, Renoir ressort son film à partir d'un inter-négatif (c'est un élément intermédiaire pour tirer des copies d'exploitation). Avec quelques coupes : les scènes où Rosenthal nourrit généreusement les prisonniers sont supprimées, les français, au sortir de l'Occupation, se serrant plutôt la ceinture ! Dans les années 1990 (je crois...) une restauration du film est faite à partir de cette copie...
Mais, voilà, coup de théâtre ! En 2008, la Cinémathèque de Toulouse inventorie quelques boîtes envoyées par le Gosfilmofond, la Cinémathèque de Moscou, suite à des échanges. Et, dedans, ils trouvent les négatifs originaux de La Grande Illusion... ceux-ci n'avaient pas été détruits comme on le croyait (et comme Renoir lui-même le pensait) mais confisqués par la cinémathèque de Berlin. Celle-ci se trouvant dans le secteur soviétique à la fin de la guerre, ils ont été, à leur tour, récupérés par la cinémathèque de Moscou... ! Depuis, le film a été restauré et est disponible dans sa version d'origine...