"La Grande lessive (!)" est un film réalisé par Jean-Pierre Mocky fin 1968 avec un tournage en avril 1968.
Ce film fait partie de ce que j'appelle la première partie de la carrière de Mocky, celle des films qui présentent, de mon de point de vue, une structure de film pertinente avec un scénario qui se tient à peu près, une conduite des acteurs et une réalisation à peu près correcte.
Grosso modo, ça concerne les films jusqu'aux années 1975 environ. Parce qu'ensuite, après ces années-là, pardon, on est un peu dans le n'importe quoi. Et pourtant, c'est très dommage car Mocky a toujours de bonnes idées a priori mais la mise en œuvre laisse vraiment trop à désirer…
Le film "La Grande lessive (!)" est basé sur un scénario, intelligent, où des profs s'insurgent contre l'emprise de la télé dans les familles qui empêchent les enfants d'être à l'écoute en cours car ils ont veillé trop tard. S'ensuivent des opérations commando menées par un prof, Saint-Just, pour neutraliser les antennes puis des actions de police pour arrêter les méfaits du "terroriste".
Déjà là, le sujet me parait curieux si je me réfère à ce que je connais. En 1968, tout le monde n'avait pas la télé (peut-être une courte majorité mais guère plus). Par exemple chez moi, la télé n'est arrivée qu'après 1971. De plus, même s'il y avait eu la télé, je ne suis pas sûr du tout que j'aurais été autorisé à la regarder, au moins en période scolaire. D'ailleurs, une anecdote me revient. A cette époque j'étais pensionnaire et j'avais réussi à convaincre mes parents de m'amener au pensionnat le dimanche soir au plus tard à 20 h 00 (plutôt que le lundi matin). En effet, à 20 h 30, il y avait un film à la télé que je ne voulais surtout pas louper (je ne me souviens plus du bobard que je leur avais servi) ...
Pour revenir au film, à cette époque (avant 1968), il ne me semblait pas que la télé avait une telle emprise sur les familles mais peut-être que je me trompe. En tous cas, ce n'est sûrement rien par rapport à aujourd'hui avec les moyens actuels que ce soit la télé dans les chambres des enfants, les portables, les tablettes, internet et les réseaux sociaux (j'oublie un truc mais ne sais plus quoi).
Ou alors, faut croire qu'en 1968, Mocky avait un don de prédiction sur toutes les dérives à venir !!
Au delà de toutes ces considération, Mocky a réussi à faire un film qui accumule diverses situations burlesques entre les locataires d'un immeuble qui vont aux toilettes (communes, sur le palier) tout nus en chantant des airs d'opéra et où les inspecteurs Toilu et Barbic (Marcel Perès et Jean-Claude Rémoleux), chargés de l'enquête, semblent un peu à l'ouest et très facétieux tendance lourde : je lui fais une queue de poisson ? dit l'un, Arrête ! répond l'autre ...
Le commando de choc vaut aussi son pesant de cacahouètes avec à la tête, le bien nommé Saint-Just interprété par un Bourvil dans le rôle du prof de français qui préfère "l'action directe" plutôt que de faire une nième pétition. Il est aidé par le bricoleur local de génie interprété par Jean Tissier qui trouve le vernis ad hoc à pulvériser sur les antennes, le prof de gym, Missenard; interprété par Roland Dubillard. Se joint à la "bandera", un étonnant Francis Blanche dans le rôle d'un très trouble dentiste, genre obsédé sexuel. Ce dernier se fait remarquer par des déguisements féminins très colorés notamment une robe orange très discrète.
Pour faire le tour du casting, on trouve le directeur de la télé joué par Jean Poiret qui est scandalisé par ces actions anarchistes qui troublent l'ordre public et qu'il ne comprend pas puisque chez lui, la télé est sous clé et allumée s'il le veut ...
La plupart de ces acteurs sont fréquemment employés chez Mocky. Pour ce qui concerne Bourvil, ce doit être la troisième fois qu'il joue pour Mocky.
Certains comme les deux inspecteurs joués par Jean-Claude Rémoleux et Marcel Pérès font partie des "gueules" typiques du cinéma de Mocky.
Certaines scènes ou personnages sont franchement amusants. Mocky a réussi à faire un film à l'ambiance burlesque et enjouée qui se regarde sans déplaisir. Avec surtout un Bourvil qui développe avec talent les diverses facettes, comiques ou graves ou émouvantes, de son personnage.
En principe, j'aurais dû ne mettre que 6 mais je rajoute un point pour la chanson de Tino Rossi que tente de fredonner Jean-Claude Rémoleux.