Jurassic chinois

Comme le temps passe. A la fin des années 80, la découverte des films de Zhang Yimou aura marqué plus d'un cinéphile : Le sorgho rouge, Ju dou, Epouses et concubines. Avec davantage de moyens, le cinéaste s'est ensuite parfois fourvoyé avec quelques éclairs quand même comme Pas un de moins ou Le secret des poignards volants. Il y a toujours eu chez lui cette alternance de films intimistes et épiques, concrétisé cette fois par Coming home suivi de La grande muraille. Ce dernier métrage est sans aucun doute l'un des plus faibles du grand metteur en scène de la cérémonie d'ouverture des J.O de Pékin mais on peut y prendre sans honte une sorte de plaisir régressif dans ce Jurassic chinois, pas réaliste pour un sou, saturé d'action et d'effets spéciaux et qui a le mérite d'être concis dans sa simplicité narrative qui aurait presque pu se passer de dialogues tant ceux-ci frisent la niaiserie absolue, coproduction sino-américaine oblige, sans doute. A ce propos, la présence de Matt Damon en héros sauveur est relativement superfétatoire et le comédien semble d'ailleurs étrangement absent. Willem Dafoe relève un peu le niveau mais c'est surtout la belle Jin Tiang qui récolte les lauriers (le bleu lui va bien au teint). Pour un peu, Zhang aurait pu signer un film féministe mais quand même il ne faut pas exagérer. Il est exact que La grande muraille laisse les neurones au repos mais dans la famille blockbuster, par son côté ludique, voire kitsch, il se laisse agréablement voir en oubliant en la circonstance d'y réfléchir à deux fois.