Blockbuster bridé
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Quoi de mieux pour entamer 2017 sur les chapeaux de roue, que de suivre les aventures de Jason Bourne et Oberyn Martell grimés en baroudeurs chevelus, barbus et crasseux du Moyen-Âge et enrôlés malgré eux à défendre la Huitième merveille du monde contre des gros lézards sous speed ?
Pour un film qui présente un tel handicap scénaristique, 长城 ne démarre pourtant pas si mal.
Pour commencer, Damon et Pascal sont on-ne-peut plus impliqués dans l'affaire. Tantôt crapules qui ne songent qu'à sauver leurs peaux, tantôt combattants émérites aux prouesses guerrières hors du commun (surtout lorsqu'ils s'y mettent à deux), leur tandem martial fonctionne sans faille aucune. Côté jeu d'acteur dans l'ensemble, tous sont irréprochables.
Autre atout indéniable du film : la direction artistique. Y’a pas à dire, lorsque l'on admire cette armée chinoise remarquablement organisée et surtout leurs armures multicolores superbement ouvragées (exceptées celles des lancières qui rappellent étrangement des armures elfiques), on retrouve bien la patte du réalisateur de Hero, Flying House Daggers ou encore Curse of the Golden Flower. Cela fonctionne d'autant mieux que l'on suit l'action à travers les yeux de deux outsiders qui découvrent tout cela en même temps que nous, leur stupeur et leur émerveillement devenant ainsi nôtres. La 3D est correctement exploitée, les scènes de bataille rendent assez bien, en bref, les 15 premières minutes offrent un divertissement intense et dynamique.
Evidemment, il fallait que ça ne dure pas…
Je vais tenter l'exploit de ne rien spoiler, mais à mon humble avis le film, qui avait déjà beaucoup perdu en rythme et en intérêt dans sa deuxième partie — la faute à un Willem Dafoe franchement dispensable et à une évolution des relations entre personnages qui ne mène pas bien loin — se flingue définitivement dans son dernier tiers. Déjà, le monument lui donnant son nom suffisait largement comme cadre et source d'inspiration, notamment avec ces mécanismes de défense aussi impressionnants qu’improbables (on aurait bien aimé en voir davantage, d'ailleurs !) ; il y avait bien là de quoi nous occuper pendant une bonne heure et demie. Alors pourquoi diable nous emmener ailleurs ?
Hormis quelques jolis plans et autres détails esthétiques nous faisant profiter encore une fois des prouesses architecturales de l'Empire du milieu (une pagode criblée de vitraux multicolores permettant de projeter la lumière du soleil en couleurs, rien que ça !), l'ultime acte concentre absolument tout ce qu'il y a de plus cliché, prévisible et exaspérant dans tout blockbuster hollywoodien moyen de ces dernières années (sauver le monde, One last shot, mec-qui-est-là-depuis-le-début-mais-qui-ne-sert-à-rien-à-part-se-sacrifier-à-la-dernière-minute, etc), le tout de façon parfaitement expéditive et exempte de la moindre émotion. On ne retiendra même pas la partition de Ramin Djawadi, qui peine à décoller et à se différencier de celle de Warcraft — elle-même déjà assez moyenne. Sacrebleu.
Au final même s'il demeure un honnête divertissement dans son ensemble, The Great Wall ne profite pas beaucoup du potentiel dont il disposait et qui lui aurait permis d'ouvrir la nouvelle année avec fracas ; il ne se contente que de rester un modeste muret.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Matt Damon et Top Moyen-bof 2017
Créée
le 12 janv. 2017
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