Blockbuster bridé
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Depuis à peine plus de deux ans, l'on observe une nouvelle mouvance dans l'ensemble des blockbusters actuels : désormais dénués de talent, ils assument complètement, pour une grande partie d'entre eux, leur aspect purement mercantile et le jettent à la gueule d'un spectateur international interloqué.
Et si l'on ne s'intéressera pas aux films gâchés par les patrons des maisons de production (Ant-Man, Justice League, Fantastic Four, Suicide Squad), parlons plutôt de ceux qui, d'une nouvelle espèce en voie d'éclosion, se basent sur l'exploitation d'un marché occidental et chinois, ce dernier ayant rattrapé par le passé nombre de flops en Amérique ou dans le monde (on se souviendra d'Expendables 3 et de Terminator Genisys).
Ici, la bâtardisation des codes se concrétise sur le plan visuel : plans larges à l'américaine avec un soupçon de shaky cam dans les moments de combats et beaucoup de ralentis, et couleurs vives et diverses pour plaire aux pupilles asiatiques formeront un tout hétérogène, prétendument esthétique mais seulement artificiel, superficiel. Il n'y a rien derrière, rien d'autre qu'un éclairage certes réussi mais sans personnalité, qui se perd plus du côté des comics que des animés, parodiant presque la beauté resplendissante des habituels décors de films chinois/japonais pour la travestir en un film dénué d'âme à l'américaine, qui ne trouve de seule prétention que celle d'attirer l'oeil par sa myriade d'effets spéciaux incessants (et irréguliers).
Certes globalement réussis, les CGI se bousculent les uns les autres en démontrant le réalisme de leurs détails, plombant trop souvent l'efficacité de leur venue par l'évident plagiat à la mise en scène et aux passages marquants d'un certain Starship Troopers. Bouillis numérique insoutenable au rendez-vous tout autant qu'elle jouit d'un rythme soutenu, budget plaqué dans une attaque incessante full cgi aux forts relents de séries z à la Power Rangers, les mécha et autres fusions de méga-zord en moins.
La Grande Muraille, c'est un peu l'objet de la diversité qui pouvait inaugurer de bons mélanges cinématographiques et culturels à la Tsui Hark, John Woo et j'en passe, mais qui préfère se vautrer lamentablement dans un mauvais goût évident, n'évitant évidemment jamais les blagues américaines bien lourdes que l'on doit se coltiner dans chaque blockbuster post-Avengers. Et vas y qu'on te prend une blague et qu'on l'étire en longueur, jusqu'à plus soif ou avoir envie de vomir.
Et vas y que les personnages n'auront aucun développement de leur psyché, qu'ils ne seront caractérisés par rien d'autre que, pour Damon et Tian, l'évidente love-story qui se lancera petit à petit, et pour Dafoe, l'étrange mais commune impression qu'il joue, pour une fois, le rôle du gentil pour ensuite revenir à une interprétation plus habituelle.
On ne se concentrera pas sur les défauts d'écriture inhérents au style du film; incohérences et inepties, comportements stupides et blagues pataudes, caractérisation des personnalités minimes et réflexions peu poussées sur les thèmes brièvement abordés seront le vaste quotidien d'un film qui, contrairement à ce que son principe laissait entendre, ne sort jamais des sentiers battus.
Si l'on va voir La Grande Muraille, c'est pour son action et ses visuels de jeux-vidéos/comics, mais les deux étant rendus mollement par une mise en scène dénaturée, ne reste finalement plus que l'ennui et l'impression de se trouver devant un terrible nanar, potentiel gâché sur l'autel des artistes sans talent. On repassera pour voir un bon film, malgré la présence de Damon et Dafoe dans un casting qui, sur le papier, promettait du très bon.
La Grande Muraille, c'est un grand potentiel gâché sur l'autel du Box-office international.
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Créée
le 21 juin 2018
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