Deux propriétaires de concessions de véhicules d'occasion, qui sont également frères, se font une lutte sans merci de chaque côté de la route afin d'attirer les clients. Tous les stratagèmes sont bons, y compris d'employer des danseuses en tenue légère, quand le patron d'une de ces boites, au cœur fragile, va soudainement décéder, laissant le champ libre à son frère pour la récupérer en héritage. Mais les employés de cette concession-là, emmenés par le jeune Kurt Russell, vont tout faire pour cacher la mort de leur patron.
Used cars est le second film réalisé par Robert Zemeckis, et si son talent de scénariste était reconnu, notamment avec son compère Bob Gale, tout ce qu'il touche se transforme malheureusement en échec commercial. Aussi bien 1941 de Steven Spielberg que son premier opus, I wanna hold your hand, et ce film-là, toujours produit par ce dernier, qui restera (obstinément ?) fan du duo, et l'avenir lui donnera raison quelques années plus tard avec Retour vers le futur. La grosse magouille est d'ailleurs sorti en salles plus de quatre ans sa diffusion américaine, afin de surfer sur le succès de A la poursuite du diamant vert, c'est dire l'indifférence avec laquelle ce film a existé chez nous.
Et pourtant, j'ai trouvé ça vraiment sympathique, où on devine déjà l'impertinence de Robert Zemeckis dans le cinéma mainstream américain, à savoir faire tomber le haut à des danseuses pour donner envie d'acheter des voitures d'occasion, mais également un humour noir salvateur, notamment tout ce qui arrive post mortem à ce pauvre directeur joué par Jack Warden, et qui incarne aussi son frère !
Quant à Kurt Russell, il est excellent en vendeur baratineur, qui aspire à des ambitions politiques afin de montrer qu'il existe aux yeux de tous, et qui n'hésite pas à pipeauter sur les performances de ses voitures afin de les refourguer même si elles ont des défauts visibles. Dans le casting, on retrouve aussi le très bon Franck McRae, un mécano qui dort partout, y compris lorsqu'un chien lui pisse au visage, ainsi que Gerrit Graham, un vendeur qui a une phobie des voitures de couleur rouge.
Le récit perd peut-être en intérêt dans la seconde partie, quand arrive la fille du propriétaire décédé, mais Used cars a tout de la bonne comédie de sale gosse, alors que Robert Zemeckis avait moins de 30 ans, et franchment sympathique, avec des images déjà folles, comme cette chevauchée fantastique de plus de 200 voitures. Du fait de sa rareté en France, le film n'est pas facile à voir, mais il entre en compte sans souci dans l'oeuvre du réalisateur.