Ode à (l'industrie de) la caisse américaine

Un léger plaisir coupable que ce film aux racines de la carrière de Robert Zemeckis, franchement ancré dans du délire régressif bien comme il faut à l'américaine, et qui parvient à sa faire aussi grossier que ce qu'il entend dénoncer (frontalement, volontairement, ou non). Dans cette comédie bien souvent bien lourde, la situation est aussi invraisemblable qu'elle nous est imposée sans possibilité de la questionner bien longtemps, étant donné le niveau des vannes qui s'enchaînent. Deux concessions automobiles se font face, les deux étant tenus par deux frères plus ou moins jumeaux (interprétés par Jack Warden à grand renfort de maquillage et costume) qui se détestent. Et pas qu'un peu : le plus vénal demandera à un cascadeur de conduire une voiture fraîchement retapée par son propre frère afin de le malmener à grande vitesse, ce qu provoquera un arrêt cardiaque peu de temps après. Plutôt que d'avouer la mort de son patron, un des employés du défunt décide de reprendre le magasin (en camouflant le décès) et d'essayer de continuer à la faire tourner, vaille que vaille.



Cette configuration marquera le point de départ d'une série d'innombrables débilités visant à essayer de maintenir la baraque à flot, en retapant les voitures à moindre coût (du genre à coller un parechoc avec du chewing-gum pour que ce dernier se casse la gueule dès que le client l'a acheté, histoire de donner une idée du niveau de l'humour) ou en recourant à des pin-ups dénudées afin d'attirer les chalands en nombre. Le plus stimulant dans tout ça, c'est très clairement Kurt Russell pas encore tout à fait dégrossi dans le rôle de l'employé qui se démène, pas franchement à l'aise dans le registre de la comédie et qui en fait des tonnes en matière de séducteur / arnaqueur. C'est la plupart du temps totalement absurde, avec des destructions de bagnoles à répétition, mais il faut reconnaître l'existence d'un petit côté drôle — quoique pas forcément élément d'un quelconque discours dans les mains de Zemeckis co-scénariste — dans le portrait absolument sordide fait des vendeurs de voitures, indignes de confiance. Une comédie américaine très connotée années 1980, d'un côté attachée à sauter à pieds joints dans la vénalité inhérente au business, et de l'autre arborant un mauvais goût souvent douteux. C'est très lourdingue, une certaine célébration de la voiture comme élément éminemment constitutif de la culture états-unienne domine l'ensemble, quelques séquences marrantes comme celle où Russell saute d'une voiture à l'autre au sein d'une file roulant à fond la caisse : de quoi en faire une petite curiosité drôle et inoffensive.

Créée

le 11 mars 2024

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Morrinson

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