Il est pour le moins édifiant de lire la critique "institutionnelle" américaine qui présente le "Star Wars" de George Lucas comme un film parfait, qui restera dans l'histoire du cinéma (je résume) !
Je me souviens encore de ma déception, à sa sortie, devant tant d'infantilisme. Et moi, qui était un grand disciple de la SF "adulte" - et évidemment fan de P.K. Dick - j'allais être témoin d'un incroyable et durable effondrement du genre, qui allait se limiter désormais à de stupides aventures spatiales avec monstres galactiques en supplément et concepts new age vaseux comme cette bonne vieille "force" !
Le pire fut néanmoins ce que le demi-nanar de Lucas (avec les machins - quand même plus réussis - de son copain Spielberg) fit à Hollywood, convaincant définitivement les financiers du cinéma qu'il n'y aurait point de salut hors des blockbusters décérébrés pour ados.
Et alors, cette fameuse "Guerre des Etoiles", 35 ans plus tard ? Toujours la même, au delà des liftings numériques crétins infligés par Lucas à chaque réédition (la multiplication insensée des monstres digitaux au milieu des figurants portant des masques de caoutchouc est désormais édifiante !) : un film sans inspiration, sans rythme, sans suspens, avec des scènes d'action molles, et des plaisanteries d'école maternelle dans la bouche d'acteurs débutants et visiblement perdus, abandonnés sans aucune direction par un Lucas qui ne s'intéresse visiblement qu'à ses joujous technologiques.
L'absence totale de "profondeur" - quand on pense que Lucas cite "la Forteresse Cachée" de Kurosawa comme l'une de ses sources d'inspiration ! - pourrait d'ailleurs fonctionner, si seulement Lucas comprenait l'intérêt qu'une véritable approche "BD/ligne claire" pourrait apporter au film, mais le "cinéma" comme art, ou simplement comme "geste singulier" ne fait visiblement pas partie de ses préoccupations.
La suite de la "trilogie" (encore un concept bidon et néfaste né de "Star Wars") serait heureusement confiée à de vrais réalisateurs, qui redresseraient (un peu) le tir. Mais, peu importe, les geeks qui deviendraient le modèle social du futur (de notre présent) adoreront toujours voir matérialisés sur grand écran leurs fantasmes bien anodins de princesse guerrière et de chevaliers de l'espace triomphant de cruels ennemis, dans un recyclage sans queue ni tête - ni hiérarchie d'ailleurs - de mythologies éternelles comme d'idées de cinéma copiées par Lucas sur des pionniers autrement plus créatifs.