"La vie est une Rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité."

Finalement, la voilà, la vraie réussite du trio du Diamant vert et de sa suite désastreuse, quel plaisir de retrouver ses protagonistes dans des rôles infiniment plus adaptés à leurs personnalités, avec un Michael Douglas ignoble à souhait en yuppie modèle de la réussite sociale, une Kathleen Turner jubilatoire en femme oisive peste à souhaits et un Danny De Vito impérial en avocat prenant un malin plaisir à narrer ce conte de Noël noir et amer comme un café très fort allergique au sucre…

Derrière la caméra, Danny se débrouille d’ailleurs tout aussi bien, il fait preuve d’un réel et rare talent dans le comique sans pitié et le résultat est d’autant plus savoureux que les pires débordements ne font que répondre à une logique particulièrement implacable.

Et si c’était dans la logique même des plus belles histoires d’amour de se liquéfier dans le temps jusqu’à l’horreur la plus complète ? Pour ceux qui se sont toujours demandé comment les couples pouvaient basculer aussi facilement de l’amour à la haine le film propose un mode d’emploi d’une rare efficacité qui n’a rien perdu de sa pertinence.

Je crois que le plus savoureux est encore de regarder le film douillettement installé avec sa moitié et prenant parti chacun pour un des membres du couple en déchirure, de préférence, privilégiez le sexe opposé, ce sera plus drôle, et puis quand même, ce n’est pas parce que Douglas tient là son meilleur rôle que je vais m’abaisser jusqu’à le soutenir, il y a des limites à l’abjection même si le reste de sa carrière semble s’escrimer à prouver le contraire…

Le film tient à presque rien, la construction est très habile et permet de maintenir en place un sujet casse-gueule qui a rarement connu d’équivalent dans l’histoire du cinéma, surtout avec une telle réussite. Jeu de massacre sans pitié et hilarant, le film broie un par un chaque étape du rêve américain et ne laisse des derniers tabous de l’american way of life que les cendres nécessaires au goût qu’il laisse en bouche.

Il manque un petit quelque chose pour transformer complètement l’essai en coup de maître, mais franchement, cette petite exception dans une année de cinéma tout particulièrement policée garde la tenue gouleyante des vrais petits bons crus qui surprennent agréablement et vieillissent particulièrement bien.

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le 22 janv. 2014

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Torpenn

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