Comment tenir face à une telle catastrophe qui nous tombe dessus ? Comment accepter l’impensable ? La maladie si grave d'un enfant si jeune ?
Comme répond Valérie à Jérémy à sa question : "pourquoi nous, pourquoi Adam ?" : "car nous sommes capables de tenir, de le supporter". C'est ça la force du destin ?
Cette force qui pousse ces deux parents à se battre, à accompagner au mieux leur fils, Adam, âgé de moins de dix-huit mois, dans ce combat pour la vie.
Tout le monde aura compris la force de ce récit autobiographique, qui est retraduit habilement à la façon d'un conte, avec les changements de prénoms.
J'ai aimé la vie qui rayonne dans ce film, malgré le tragique des choses. Valérie et Jérémy continuent malgré tout de vivre, de s'aimer, de courir sur la plage avec Adam, d'aller à des fêtes, de danser, de chanter ...
Ouf : un vent de libération salutaire souffle sur ce film comme il a sans doute irrigué leurs durs moments de vie. Cette vie qui a failli leur échapper, car que se serait-il passé s'ils avaient perdu leur fils, leur bébé, la prunelle de leurs yeux, la chair de leur chair ?
J'ai aimé la force de la famille autour, la puissance des liens qui les unissent, de leur soutien. Soutien indispensable aux parents qu souvent se sont sentis perdus, déboussolé, impuissants.
J'ai aimé la beauté de la BO (direction musicale de Jérémy Elkaïm lui-même).
Les quatre saisons de Vivaldi et un menuet de JS Bach répondent merveilleusement je trouve, à une chanson de Jacqueline Taïeb, intitulée "La fac de lettres" illustrant les années de jeunesse de Valérie.
Il y a une magnifique chanson d'amour improvisée dans le train, et interprétée par Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm eux-mêmes, chanson intitulée "Ton grain de beauté", écrite spécialement par Benjamin Biolay pour l'occasion.
Les moments de folie à danser comme des fous sur des musiques endiablées chez les potes.
La chanson sur laquelle on danse entre copains, en refaisant la peinture de l'appartement.
La chanson : "je ne peux plus dire je t'aime" de Jacques Higelin traduit les moments de doute. C'est très touchant.
En cadeau, le lien you tube de cette si belle chanson, interprétée par Jacques Higelin et Isabelle Adjani : https://youtu.be/O-wLM-u56m8.
Les scènes de fin tournées au ralenti en 35 mm, avec la famille au complet (Gabriel Elkaim, a rejoint le couple de ses parents) à la sortie de l’hôpital et sur la plage sont de pure poésie.
J'aime la douceur de la voix de Frédéric Pierrot qui interprète le professeur Sainte-Rose, le sauveur de Adam- Gabriel.
On dirait presque un miracle.
J'aime quand Gabriel se tourne vers son père et lève le pouce, d'un air de dire : "tu vois, papa, on a gagné ! " et Valérie qui tien le mains de son fils, juché sur les épaules de son père. Ces trois là s'aimeront à jamais, je pense.
Certains sens-critiqueurs ont trouvé que l’histoire faisait faux, que les acteurs, surtout Jérémy Elkaim, jouent atrocement faux, que tout est surjoué etc.
J'aimerais leur répondre que je n'ai trouvé en aucun cas que les acteurs jouent faux, au contraire, leur interprétation m'a beaucoup touché. En tout cas, une chose qu'on ne peut pas leur enlever, c'est qu'ils se sont fortement investis dans ce film, tant au niveau de l'écriture du scénario, de la mise en scène, de la direction musicale et artistique (pour Jérémy), de la direction d'acteurs, jusqu'à la coiffure et au maquillage et à l'écriture d'une chanson (pour Valérie).
Si certaines scènes ont été réinterprétées de façon théâtrale par rapport sans doute à la façon dont elles se sont réellement passées dans le quotidien, comme celle dans laquelle Valérie court dans le couloir de l’hôpital après l'annonce de la maladie, ou celle où Jérémy s'écroule dans la rue, en hurlant, dan le même contexte, c'est le résultat je pense d'une volonté des auteurs de prendre de la distance avec leur vécu, de le retraduire à la façon d'un conte tragique.
C'est à mon avis tout l'intérêt d'une traduction artistique de ce qu'on a vécu et qui fait la force et l’originalité de ce film.
L'humour aussi est une façon de se distancier de la douleur, du tragique et il transparaît notamment dans la scène des confidences du couple la nuit à l’hôpital, quand ils se disent de quoi ils ont le plus peur, et qu'ils se moquant des "PD, noirs et votant FN".
ça aussi, j'ai apprécié.