Aïe... Moins deux étoiles, carrément ? Et oui. Pourtant, revoir « La Haine » aujourd'hui me paraissait être une expérience intéressante, qui aurait confirmé le statut d'une œuvre qui aurait résisté au temps pour être encore plus d'actualité aujourd'hui : il n'en est rien. Non pas que le film n'ait aucun mérite, loin de là. Les partis pris esthétiques sont forts, Mathieu Kassovitz n'ayant jamais peur d'être peu aimable ou de déplaire à une partie du public. On sent que le mec sait de quoi il parle, veut sortir le cinéma français de sa torpeur, dirige bien le trio Vincent Cassel - Hubert Koundé - Saïd Taghmaoui, les propulsant par la suite à des niveaux plus ou moins élevés. Certaines scènes font toujours leur effet, notamment lorsqu'il s'agit de montrer une violence sans fard et ses limites.
Malheureusement, je ne peux adhérer à un film mettant en scène des personnages aussi antipathiques où, sans les glorifier, « Kasso » fait preuve d'une extrême indulgence, voire d'une certaine complaisance. Sincèrement, comment s'attacher 90 minutes durant à trois mecs pareils, n'évoluant, qui plus est, quasiment jamais du début à la fin ? Impossible me concernant d'adhérer à de tels comportements, de tels actes, constamment dénués d'intelligence, accentué par ma difficulté régulière à comprendre ce que pouvait dire les acteurs. Cela en devenait presque pénible parfois, enchaînant les situations répétitives, n'en ayant que faire de ce qu'il pouvait advenir d'eux (OK, Hubert est clairement le moins pire, mais soit on se demande ce qu'il fait avec eux, soit il finit par se comporter exactement comme eux donc niveau cohérence j'avoue avoir eu du mal).
Peut-être aurait-il aussi fallu un regard un peu plus neutre que ce « parti pris » (mais en est-ce vraiment un?) pro-banlieusards face aux violences policières, comme pouvait remarquablement le faire « Les Misérables » l'année dernière ? Alors oui, ce n'est clairement par la « cité » qu'on pouvait avoir l'habitude de voir, là-dessus Mathieu Kassovitz a vraiment réussi son coup en plaçant au cœur du débat cette question brûlante. Rien que pour ça, « La Haine » justifie son existence et ne peut être totalement ignoré. N'empêche, celui-ci a mal vieilli. Ne peut absolument pas rivaliser sur la question de la violence (même s'il s'agit d'un des ses points forts!) avec un « Orange mécanique ». Et a donc, me concernant, trouvé son maître en matière d’œuvre référence sur la banlieue : « Les Misérables » de Ladj Ly, au regard autrement plus large et complexe sur la question. Culte ? Peut-être. Mais aussi sans grandes nuances, assez ambigu voire parfois déplaisant.