Fervent adepte de tous les podcasts produits par la team Capture Mag, quelle ne fut pas ma surprise en apprenant que Yannick Dahan avait réalisé un film en 2009, coécrit avec Arnaud Bordas et Stéphane Moïssakis. Sans doute les journalistes que j’aime le moins dans le lot, de par leur virulence et leur tendance à reprocher aux films de ne pas leur présenter ce que eux en attendent. Ce film, La Horde, j’en avais entendu parlé quand j’étais étudiant. Pensez-vous, un film d’horreur français, se déroulant dans une cité! Un projet forcément aguicheur pour un majeur en herbologie! Mais au vu des retours, critiques et publics, il était passé à l’as et tombé dans les limbes de l’oubli.
Quinze ans plus tard, le consensus n’a pas changé, et les larrons n’ont pas récidivé derrière la caméra, ce qui est tout de même gage que quelque chose n’allait pas. Je savais donc pertinemment dans quoi je m’embarquais en appuyant sur la touche lecture de VLC, poussé par une curiosité morbide.
Dès la scène d’intro à un enterrement, on sent le projet foireux. Tout crie téléfilm du dimanche aprem : acteurs au rabais, prise de son imbitable, éclairages de soap opera, dialogues faussement subversifs… Le ton est donné, et on va continuer à partir dans une direction de types qui se prennent pour des sales gosses, tentant de croquer des personnages badass, alors qu’au final tout alternera entre le ridicule et le beauf. On est loin de l’exégèse des gros bras, tagline de leur émission Steroids. Ça permet même de convier Audiard autour d’une vieille poire, dans une dégringolade lamentable.
Tout ceci étant dit, il faut prendre un peu de recul car tout n’est pas à jeter non plus. L’idée de faire crever comme une merde le personnage présenté comme principal au bout de quinze minutes, bien que pas novatrice (coucou Psychose), fonctionne pas mal. De même, la violence est assez esthétique et les effets pas dégueux. Les lascars créent même une scène iconique, invraisemblable et stupide certes, mais iconique, qui servira d’ailleurs d’affiche au bousin.
En connaissant la cinéphilie des gars, le fossé entre leurs intentions et le résultat final ne m’a jamais paru aussi clair. Pas à pas, on comprend ce qui était prévu et on assiste au naufrage d’un film indubitablement passionné mais raté. Non pas qu’on ait le temps de s’ennuyer, la péloche avoisinant les 1h30 et étant assez dynamique, mais qu’est-ce qu’on soupire… Je suis allé voir une interview de Dahan de l’époque, et lui-même se rendait compte qu’entre son script initial et le rendu final, les coupes budgétaires avaient transformé l'œuvre en quelque chose qu’il ne reconnaissait pas. Un film qui entérine une fois pour toute qu’un critique, aussi versé dans l’analyse soit-il, ne fait pas un cinéaste. Il y a peu de Assayas.