Le monde est une fange, un gigantesque dépotoir où l'humain patauge tel un piaf englué dans du mazout. Aucun homme n'est épargné, aucune femme, ni même les mômes qui semblent se réjouir face à la mort, face à la destruction. Le monde est une pute vérolée gangrénée par le SIDA, l'héroïne et le whisky, semble nous dire un Peckinpah en état de grâce, signant avec cette Wild Bunch son chef-d'oeuvre, l'aboutissement de sa vision du western hollywoodien.


Ecrit par Walon Green puis proposé à un Bloody Sam pas franchement en odeur de sainteté à Hollywood depuis le tournage apocalyptique de Major Dundee, The Wild Bunch constitue la suite logique d'une filmographie entamée avec un premier western, Deadly Companions. Le massacre en règle d'un genre codifié à l'extrême et considéré comme sacré par une Amérique se croyant toute puissante alors que les images de sa branlée au Vietnam squattent les ondes de tout le pays.


Récit d'une fuite en avant qui ne peut qu'aboutir à la mort, qui ne peut finir que dans le sang le plus épais, The Wild Bunch transforme le western à papa en chevauchée sauvage sanglante et nihiliste, s'inspire de la vague européenne pour pousser encore plus loin la folie d'un Major Dundee, profitant de la naissance du Nouvel Hollywood quelques années plus tôt pour détourner le genre de l'intérieur et enfanter une oeuvre extrême d'un point de vue formel comme narratif.


Obligeant le spectateur à s'identifier à des rebuts, à des salopards magnifiques, Sam Peckinpah pousse son audience dans ses derniers retranchements, flinguant devant elle toute figure héroïque ou mystique pour la remplacer par de simples hommes poussés par la nécessité de survivre. Un casting de pures gueules vient hanter la pellicule, allant de William Holden au fidèle Warren Oates, en passant par Robert Ryan ou Ernest Borgnine.


Faisant preuve d'une énergie folle derrière sa caméra, Sam Peckinpah donne lieu à des images marquantes, nous brûlant la rétine par la grâce d'un montage d'une modernité fracassante, captant l'impact des balles et la violence des échanges comme personne avant lui. Aucun western sortant de l'usine à rêves d'Hollywoodland n'aura été aussi brutal avant ça, aussi graphique, l'hémoglobine envahissant l'écran lors d'un climax infernal gravé à jamais dans la mémoire des cinéphiles.


Vision désenchantée d'un Ouest plus que sauvage et d'un monde où nul espoir n'est à attendre, The Wild Bunch est l'oeuvre d'un véritable cowboy, d'un électron libre qui aimait autant les femmes que la tequila et qui aura mis toutes ses tripes dans une filmographie peut-être pas parfaite mais d'une cohérence absolue. Un chef-d'oeuvre qui pue la mort, le sang et la sueur et qui pose sur la table des couilles velues et grosses comme des pastèques.

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le 18 déc. 2016

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Gand-Alf

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