La "Horde Sauvage" est en quelque sorte la sépulture du western, le témoin tardif de la mutation de l’ouest médiéval en une féodalité moderniste, où l’idéologie a digéré les traditions. On remarquera surtout le génie avec lequel Peckinpah organise les (célèbres) scènes de violence pour y faire vivre ses personnages, les dévoiler (ils sont des vautours), les faire communiquer (du regard), les transformer en métaphore (entomologie peckinpienne, du scorpion aux fourmis), voire en icônes (affrontement ostensiblement Infernal)... Qu’il s’agisse de la horde ou des chasseurs qui la traquent, l’éthique ne leur est pas favorable, inscrivant les images du cinéaste dans une violence picturale mais jamais magnifiée. Au delà du constat amer sur un monde qui meurt - ou tout du moins qui change -, "La Horde Sauvage" devient par la grâce de sa mise en scène une extraordinaire épopée humaine, d'une franche et saine trivialité. [Critique écrite en 1975]