The Wild Bunch ou la dénonciation de la guerre au Vietnam

Le film commence … Cinq soldats aux mines patibulaires entrent lentement, montés sur leurs chevaux, dans une petite ville du Texas. Sur leur trajet ils croisent un groupe d’enfants riant gaiement et jouant ensemble. Leur jeu ? Ils ont placé des scorpions au milieu d’une armée de fourmis rouges qui les submerge. D’emblée nous avons compris. Le film ne sera pas tendre et même les enfants ne viendront pas apporter un peu de douceur et d’innocence à cette histoire. Ils seront présents tout au long de l’histoire associés chaque fois à la violence ou à la cruauté.

The Wild Bunch est un western sombre, violent et pessimiste, un western emblématique des westerns crépusculaires. Fini les héros, fini les belles morales. Pourtant ce film n’est pas une apologie de la violence, mais bien une dénonciation de la guerre du Vietnam qui fait rage à ce moment là et qui divise la société américaine. La guerre est sale, la violence des armes fait couler le sang et Sam Peckinpah a bien soin de le montrer sans rien cacher et sans rien épargner à son spectateur.

Ces cinq soldats sont bien sûr des bandits. Ils forment une bande à la fois mal assortie et soudée. Une bande tiraillée par des points de vue différents et des personnalités aux antipodes les unes des autres, la troupe sait pourtant s’unir en certaines circonstances dramatiques.

Les personnages sont pittoresques, nombreux et créent la dynamique du récit : du chef des bandits Pike, l’un des plus intéressants, en passant par Thornton son ancien frère d’armes condamné à le traquer pour ne pas retourner en prison, son bras droit Dutch jusqu’au général mexicain complètement tapé, et bien d’autres, le film nous offre une belle galerie de personnages. Leurs relations sont complexes et évolutives.

The Wild Bunch comporte de bonnes scène marquantes, comme :

- le train dévalisé : une séquence improvisée remarquable tournée sur une journée ;

- l’explosion du pont tandis que les cavaliers chutent à l’eau : une scène incroyable réalisée bien sûr en une seule prise ;

- la mitrailleuse qui dézingue à tout va : symbole de la violence aveugle que personne ne peut maîtriser quand on lui donne libre cours c’est elle qui impose sa loi et elle est sauvage !

- la bataille finale : acmé de la violence du film, avec une image particulièrement choquante, celle d’une femme utilisée comme bouclier sous le feu des armes ! Le sommet de la lâcheté ! Violence qui se prolonge au delà de la bataille quand les hommes rappliquent au milieu des vautours en se comportant comme des vautours !

La musique est remarquable :

- A la fois, la musique extradiégétique qui ponctue et souligne l’action et qui est indissociable des nombreux bruits qui l’accompagnent : les hommes qui crient, les bêtes qui s’expriment, les coups de feu.

- Et à la fois la musique diégétique : musique mexicaine qui forme un contraste entre la gaieté de sa partition et la violence qui s’étale sous nos yeux.

Au final, les grands gagnants de cette sombre histoire sont la pire racaille qui soit ! Avertissement adressé à ceux qui veulent bien l’entendre !

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le 10 juin 2022

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abscondita

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