Je vais sans doute en étonner quelques-uns ici, ceux qui me connaissent savent mon attachement pour le western, or avec la Horde sauvage, ça n'est clairement pas un de mes westerns favoris. Le film a été accueilli à sa sortie en France par une frange de critiques qui trouvaient ça génial parce que ça sortait du moule de la mythologie hollywoodienne, ça allait à l'encontre d'une certaine manière de présenter les criminels, du romantisme de la violence, des codes et de l'image bien propre du monde du Far West. C'est un film typique du Nouvel Hollywood.
Certes, le film a quand même divisé la critique à cause de sa violence excessive et gratuite pour les uns, belle pour les autres, d'autant plus que l'emploi du ralenti pour en souligner le réalisme a marqué un tournant dans l'histoire du western. Je serais assez d'accord avec les premiers pour dire que cette apocalypse de violence hyper chorégraphiée, donc pour moi pas tellement naturelle, m'a non pas dérangé, mais souvent ennuyé. En effet, je ne la trouve pas nécessaire à chaque plan de fusillade, une fois, deux fois, ça va, mais tout le temps, non ça va bien merci.
Le plus ironique et que j'ai du mal à saisir, c'est que ces mêmes critiques affirmaient que c'est le contraire de ce qui encombrait à la même époque les westerns italiens, que cette violence graphique n'est pas complaisante comme dans les westerns italiens. Je suis désolé, mais pour moi, elle est identique, sinon pire ; dans les "spaghetti", il y avait une violence parfois outrancière, des actes brutaux et de la cruauté, mais chez Peckinpah parce que c'est américain, on dit que c'est une "élégance sophistiquée de la violence sublimée" ! Faut arrêter de dire des conneries, ces mecs se foutent du monde, c'est tout simplement de l'hypocrisie éhontée.
Bon, soyons justes, le film n'est pas entièrement mauvais, la façon d'aborder ces bandits suicidaires en manque d'honneur est intéressante, Peckinpah s'intéresse au vieillissement de ses héros, il décrit un monde hyper crépusculaire et désespéré qui va exploser dans une grandeur tragique, à travers un groupe d'hommes anachroniques dont l'inadaptation à un monde nouveau (l'action se situe au début du 20ème siècle) est comme une sorte de chant funèbre où pillards, miliciens, mercenaires, militaires et aventuriers se retrouvent au Mexique égaux dans la mort. C'est ce que je retiens de positif dans ce western, le fond qui est intéressant, mais pour ce qui est de la forme avec ce gunfight final apocalyptique, le montage éclaté et l'abus du ralenti, ça ne me plait pas, et ça n'est pas beau. Mais c'est pas grave, il y a tant d'autres beaux westerns !