Moi qui suis fan absolu de Lubitsch, j'ai toujours eu du mal à aimer cette "8ème Femme de Barbe-Bleue" que les critiques placent pourtant régulièrement au sommet de son oeuvre. La vivacité des réparties, l'ingéniosité continuelle de la mise en scène, qui contribue autant que les dialogues au flux permanent de gags, la divine élégance des fameuses ellipses lubitschiennes, tout est bien là, avec en bonus le charme assez brutal de Gary Cooper, ici d'une beauté surhumaine contrastant avec la trivialité assumée de son rôle de capitaliste sauvage (déjà !). Mon malaise vient sans doute du scénario radical de Billy Wilder, qui, en 85 minutes, "exécute" en accéléré (c'est bien le mot) toutes les étapes du couple, de la séduction de la rencontre aux compromis (financiers) du mariage, puis du désamour né de la routine à la redécouverte de l'autre, qui ne pourra avoir lieu que basée sur des mensonges à multiples niveaux : difficile donc d'imaginer plus cynique, voire désespéré, et moins romantique que cette comédie du mariage / remariage, qui laisse immanquablement un goût de désastre douloureux. [Critique écrite en 2007]